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Critique de araucaria


Je remercie Babelio et les éditions Albin Michel qui m'auront permis de découvrir le tout premier roman d'un jeune auteur.
Se lancer dans la rédaction d'un livre est un acte courageux, et du premier roman va certainement dépendre la suite de toute une vie d'écrivain.
L'écrivain est créateur, libre d'utiliser sa plume comme il le souhaite, mais lorsque le lecteur prend l'ouvrage en mains il faut impérativement qu'il sache dans quelle voie il s'engage, et qu'on ne lui impose pas la lecture d'un texte qui peut le choquer ou le rebuter. Ici, la quatrième de couverture est trompeuse, s'il est écrit "Une écriture au scalpel, un rythme enragé : très loin des sentiers balisés, un premier roman singulier et brutal, l'odyssée insolite de deux êtres en marge que le hasard va lier à jamais". Certes ce n'est pas faux, mais la description est incomplète, car il faudrait aussi et surtout signaler en caractères gras que cet ouvrage est destiné à un PUBLIC AVERTI, et ne peut pas sans dommage être lu par tous les lecteurs. Les descriptions pornographiques et un langage obscène et ordurier abondent et c'est parfaitement dérangeant.
Ce roman raconte la rencontre de deux paumés, mais cela ne justifie quand même pas tout. Dès la page17 on comprend quelle va être la teneur du livre :
"- Bonjour, mademoiselle.
Un petit vieux se tient devant elle, le dos voûté, le regard bleu azur.
- Bonjour.
- Je vous observe depuis un bon moment. Vous êtes seule. Seule et jolie. Jolie et jeune. Dites-moi, c'est pas pour vous déranger, mais croyez-vous qu'il serait possible, si évidemment vous avez une petite heure devant vous, de m'accompagner dans mon modeste logis?
- Quoi?
- J'ai une chambre à l'hôtel du Terminus, à deux pas. Je peux vous offrir un thé ou un café avec des biscuits, contre, avec votre autorisation, une courte fellation... (...)"
Voilà, le ton est donné et encore l'auteur emploi un terme technique, comme à la page 21 il va écrire "verge". Mais après ça se corse et ça dérape.
A la page 34, l'héroïne se rappelle ainsi qu'elle a accordé cette même "affection" à un chauffeur routier qui l'avait prise en stop... ceci tout en conduisant son poids lourd! (On comprend mieux comment doivent se produire des carambolages très meurtriers. D'ailleurs La Prévention Routière devrait se pencher sur la question et envisager qu'il n'y a pas seulement la vitesse, l'usage du portable au volant ou la consommation d'alcool, qui tuent, mais qu'il existe aussi beaucoup d'autres comportements à risque!)
Le vocabulaire devient assez vite plus argotique, plus fleuri, plus professionnel peut-être pour Remington, 20 ans et "tapineuse", et les descriptions glauques se succèdent.
Il me semble évident qu'on ne s'exprime pas dans toutes les classes sociales de la même manière, mais il y a des limites. L'accumulation de descriptions sordides et de mots grossiers, dessert totalement ce livre. Je n'ai ressenti de ce fait aucune empathie pour les personnages. le livre aurait eu beaucoup plus de force si il y avait eu uniquement de la suggestion. C'est sans doute une erreur de jeunesse, et la faiblesse d'un premier roman, et aussi peut-être un phénomène de mode qui veut que beaucoup de livres contemporains versent dans le sale et le laid. Il faudrait que Baptiste Gourden y songe et change de cap.
Je ne suis pas déçue, je suis flouée, j'ai été trompée sur la marchandise, car je ne nomme pas "affection" un acte tarifé, entre une jeune de 20 ans et un vieux de 84 ans, lorsque la transaction se situe en dessous de la ceinture.
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