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Critique de Bouteyalamer


Julien Gracq: Les terres du couchant (1956)
Le jeune narrateur, éveillé mais sans projet clair d'action, traverse un vieil état endormi et porte un renfort dérisoire à forteresse assiégée. le manuscrit est partagé entre le Royaume, la Route, le Mur et la Commanderie et s'achève en cours de catastrophe. le thème est celui du Désert des Tartares (Dino Buzzati, 1940). le style est impressionniste. Il restitue l'ambiance physique et morale et néglige l'action et la psychologie des personnages. La présence de la nature puis celle d'une menace insidieuse est saisissante. Mais les métaphores sont souvent interminables ou gigognes au point de perdre leur sens: "Dans la cité où les occupations ont cessé leur vacarme, où les mains ont fini de s'affairer, on croise dans les rues des âmes délivrées et toutes pures que le stigmate des tâches a cessé de marquer au fer, des visages rendus à leur liberté native, tous désormais beaux ou laids - gais ou tristes - à la manière d'un ciel changeant - ennoblis, comme s'ils étaient éclairés par dessous d'un reflet de neige, de ne plus grouiller à peine visibles sur le fond grisâtre des menues besognes, mais de se silhouetter sur les grandes lueurs de la fin du monde qui maintenant affleurent et approfondissent l'horizon: l'incendie, le sac, le viol, la famine, la peste" (p. 164-5). "La ville est un étang malsain ou les têtes se dressent hors de l'eau, cherchant de l'air".

Gracq n'a pas publié ce livre. Il a eu raison. Comme l'indique la postface de l'éditrice (au style tout aussi ampoulé), il s'est servi du manuscrit comme carrière pour les matériaux de la route dans Presqu'Ile et pour le Rivage de Syrtes.
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