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Critique de Romain28


Si le Rivage des Syrtes était le lieu d ' un voyage en apesanteur et donnait la sensation au lecteur de vivre un songe, dans une irréalité intemporelle, Un Balcon en Foret adopte un parti-pris en tout point différent. Historiquement situé de manière précise - la séquence historique de la Drôle de Guerre dans les Ardennes - le récit s'attache à la description forcené du monde sensible , a une contemplation organique de l'environnement naturel dans lequel évoluent une poignée de soldats tapis dans un fortin d'observation. Si l'on peut postuler l'opposition terme à terme entre les deux livres, demeure néanmoins intacte et inchangée , l'écriture de Gracq d'une grace et d'une beauté renversante . Ici la phrase dans son obsession à rester dans le régime des sensations, à saisir presque épidérmiquement, l'idée du vent dans les feuillages ,celui du bruit d'un cours d'eau..., préfère à l'évocation sinueuse , à la forme étirée des méandres, la recherche de l'équilibre , de la musicalité, du mot juste , de son association idoine , pour nous donner à dévisager notamment dans une première partie les traits d'un long poème éblouissant.
La seconde partie du livre qui correspond aux premiers jours de Mai 1940 et à l'entrée des troupes allemandes en France, marque clairement le pas en matière d'intensité tant littéraire qu'émotionnelle mais persiste dans l'observation remarquablement scrupuleuse , dorénavant de la logistique militaire et de la géographie des déplacements. Difficile enfin de ne pas penser tout au long du livre au Désert des Tartares de Buzzati, comme un double inversé ou un meme effectif réduit de soldats retranché dans un meme cantonnement isolé , attendent névrotiquement dans un cas ,l'hypothétique arrivée d'un ennemi qui ne vient pas et dans l'autre n'attendent pas - incrédules - , l'arrivée d'un ennemi dont la venue est en revanche inéluctable.
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