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Critique de PostTenebrasLire


Vous vous dites certainement…

Un livre d'économie sur la dette. Quelle idée ?!
Plus de 600 pages ! Quel calvaire !
5000 ans ! Quel intérêt ?
Un essai sur la finance ! Je n'y comprendrais rien !

Et bien j'ai trouvé cet essai de David Graeber passionnant et vertigineux et fascinant.
Pourquoi ?

En premier lieu, ce n'est un livre de finance économique.
Pas de formule mathématico-financière.
Pas de graphique (je crois qu'il y en a un ou deux, mais ils sont clairs et l'essentiel du propos n'est pas là) Pas de terme obscur. Il suffit de comprendre “prêt”, “dette”, “intérêt”, “gage” …
Mais je divulgâche un peu le livre en vous disant que l'on croit connaître ces mots courants … C'est un livre que je qualifierais d'économie humaine.

Tout d'abord David Graeber et un très bon conteur. Un conteur documenté, sourcé, qui s'appuie avec sérieux sur d'autres disciplines.

Un conteur malicieux qui parfois commencera par vous raconter de belles histoires de monnaie, de dette, de troc et de peuples primitifs. Histoires familières, déjà entendues ou même enseignées et pour pourtant parfaitement fausses ! David démonte impitoyablement ces beaux contes.

Mais un essai « 5000 ans de dette » même bien argumenté et écrit n'est pas quand même absolument rébarbatif ?

Pas du tout !
Pensez à la « dette » dans les religions, la morale, dans la rédemption chrétienne, les offrandes, l'accumulation de trésors par les temples et églises.
Quel que soit l'époque, le continent, la civilisation, la religion abordés, la dette est partout.

Sommes-nous dès la naissance débiteurs de dieux, du monde, de ses représentants, des autres hommes, des dirigeants, des états ? Les réponses apportées sont multiples et éclairantes sur notre propre rapport au monde.

La monnaie est aussi excellemment bien traitée dans ce livre.
Inventée, réinventée, rejetée, méprisée, convoitée, monnaies sociales, monnaies métalliques, monnaie étatique, monnaies privées.
Les implications de la monnaie sont immenses, multiples et graves.
Exemple : depuis quand, où et comment a-t-on donné un prix à la vie ?
Bien plus multiples, bien moins simplistes que les belles histoires de troc et de marché.

Une grande partie du livre traite d'un sujet capital.
Celle du gage ultime, du dernier gage qui reste au débiteur face au créancier.
Surtout si cette dette, la dette de sa vie ce n'est pas lui qui l'a engagé.
Le gage de sa propre liberté, de sa propre vie : l'esclavage.
Esclavage, dette et monnaies sont indissociables inextricablement liés.

De multiples chemins ont mené vers et hors de l'esclavage.
À différentes époques, sous différents systèmes économiques, sous différentes religions.
L'esclavage existe toujours. Il a laissé de profondes traces dans le capitalisme contemporain.

L'essai se termine sur le capitalisme et son fonctionnement si « naturel ».
David Graeber convoque de multiples domaines (histoire, sociologie, philosophie…) pour nous démontrer à quel point la dette est une convention qui pourrait être tout autre…

Bémols

Même bien écrit, le livre est dense.
Les éclairages donnés sont multidisciplinaires.
Beaucoup de passages méritent d'être relus non pas à cause de leur complexité ou hermétisme, mais à cause de tous les prolongements, conséquences qu'ils impliquent.
Les notes sont nombreuses et utiles.
Donc, prenez votre temps !

En conclusion

Un livre passionnant. Riche de points de vue moraux philosophiques, historiques multiples.
Des outils, des armes pour déconstruire qu'« Il est clair qu'on doit toujours payer ses dettes. »
Lien : https://post-tenebras-lire.n..
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