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Critique de Franz


Terre, Minus !
La grande randonnée est le graal de Bertrand le Marec : « Ce qui l'intéressait, c'était la continuité dans l'effort. Il atteignait, dans l'exercice de la marche, des états seconds ou plutôt premiers. Il voyageait avec grâce ». Dilettante patenté, Bertrand s'est baptisé Minus, acceptant d'être tracé électroniquement si son père, richissime entrepreneur, le laisse vaquer librement sur les chemins balisés de France, loin de l'affairisme frénétique et des obligations subséquentes. Bertrand a recruté Martial, placide organisateur au passé tumultueux, ordonnateur de l'hébergement et du ravitaillement. Bertrand marche, rêvasse, Martial ravaude, planifie. Si les deux hommes s'estiment, des pièges jalonnent les itinéraires et l'argent, ce « maître » étalon sans âme, peut ruiner bien des entreprises fussent-elles altruistes et débonnaires.
Laurent Graff a conçu Bertrand le Marec comme un alter-ego détaché des systèmes, en apesanteur dans la traversée des mondes. Avec élégance, l'écrivain mêle le trivial et l'éthéré, filant avec humour et brio la métaphore : « Un homme face à la mer contemple toujours son destin ». Les bonheurs d'écriture fréquents et la finesse des observations aimantent et enthousiasment. La fluidité et la précision des phrases entraînent. Nul temps mort dans ce vagabondage existentiel. Seule la dystopie où des groupes d'action violente antisystème frappent les nantis montre quelques faiblesses de par son traitement lapidaire mais le propos n'est pas là. En navigant aux marges de la société, Bertrand Minus sait que les petites attentions développent une véritable considération, pour les hommes et pour la nature : « Il n'existe qu'un chemin, celui que l'on prend… Dans tous les cas, c'est la vie. La seule qui soit ».
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