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Critique de karmax211


Nous sommes en janvier 1910 à Paris.
Et qui l'eût cru, la capitale est en crue ; une crue historique !
La Seine déborde comme jamais et de ses flots surgissent, outre les rats et autres bestioles vivantes ou mortes, des objets et des êtres voués à l'oubli. Et parmi eux les cadavres des noyés accidentellement ou volontairement.


Ange Leca, un jeune journaliste corse monté à Paris pour oublier une mésaventure amoureuse locale, qui lui a coûté la moitié de l'oreille gauche, une cicatrice au plus profond du coeur, et l'a fait tomber dans l'opium et "la fée verte" ( absinthe ), travaille pour "Le Quotidien", un journal appartenant au sieur Alfred Clouët des Perruches, lequel est marié à la jeune et très belle Emma Capus, une comédienne de renom dont Leca et sa gueule d'Ange est (sont) l'amant.
Au sortir de l'appartement de sa maîtresse avec laquelle il a passé la nuit en l'absence du mari, le jeune homme accompagné de son fidèle Clemenceau, un chien renifleur dont le flair est plus affûté que celui des meilleurs détectives, tombe à l'eau.
Repêché, il échange avec les sauveteurs et apprend qu'on a retrouvé le corps démembré, mutilé et étêté d'une jeune femme.
Il se rend à la faculté de médecine transformée en morgue... circonstances obligent.
Il échange avec le médecin légiste.
Le corps ramené à la surface est celui d'une jeune femme. Sur les doigts de la main du bras qui lui reste on voit des traces d'aiguille. de là à en déduire que la jeune femme était couturière, il n'y a qu'un pas qu'Ange Leca franchit. Il passe au journal pour y accomplir sa tâche quotidienne... mais on lui fait savoir que son patron le demande.
Il se rend à son bureau où il se voit reprocher de sentir très fort l'absinthe et les égouts.
Or il y avait un contrat tacite entre des Perruches et le jeune journaliste : choisir entre l'alcool et son poste au journal.
Il est congédié sur-le-champ, non sans avoir préalablement fait part à son ex-patron de son désir d'enquêter sur la mort de la mystérieuse jeune femme repêchée dans l'état que l'on sait ; celui-ci ne veut rien savoir, c'est la porte.
Ange Leca commence son enquête tout en se cherchant un nouvel emploi. le hasard faisant bien les choses, un ami le présente à Marie-François Goron, illustre détective qui, voulant consacrer du temps à l'écriture, embauche Ange qui peut ainsi partir sur les traces de l'énigmatique "couturière"...

Une plongée ( sans jeu de mots ) dans ce Paris de 1910 que Tom Graffin et Jérôme Ropert restituent avec beaucoup d'authenticité et de vie grâce aux planches éminemment talentueuses de Victor Lepointe.

La structure narrative n'a pas la densité, l'intensité, le liant et la cohérence d'un Kris et d'une Maël ( se référer à Notre mère la guerre ), mais on s'immerge ( toujours pas de jeu de mots ) avec plaisir dans cette époque rapportée avec un réalisme qui pourra peut-être heurter certaines sensibilités.

On apprend à la fin de l'album, grâce à des explications illustrées par des documents d'époque, que Marie-François Goron a bien existé, que le personnage de des Perruches a été inspiré aux auteurs par un certain Alfred Edwards et qu'Emma Capus est un peu l'émanation fictionnelle de Liane de Pougy, Geneviève Lantelme ou la Belle Otero...

Au final cette crue centennale aura submergé 40% de la capitale, noyé 20 000 caves, sinistré 150 000 Parisiens, causé 5 décès et quelques cas de typhoïde.

Elle aura donné naissance à un album instructif, dont l'énigme sans être un must collector n'en reste pas moins un très honorable travail de création littéraire et artistique.







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