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Critique de Soleney


Ce qui m'a le plus attirée dans ce livre, c'est la notion d'antihéros poussée à l'extrême. Dans l'heroic fantasy, les personnages principaux sont, bien évidemment, héroïques. Guerriers indestructibles, chevaliers au grand coeur, jeunes gens aux talents prodigieux... On tombe trop vite dans la caricature. Faut tester autre chose.
C'est pour ça qu'un livre de fantasy qui tourne autour d'un ivrogne SDF ne pouvait que me taper dans l'oeil. Déconstruire les mythes, leur donner un nouveau souffle, voilà qui était intéressant !

J'ai été déçue. Au début, Ballas n'est effectivement qu'un poivrot parmi tant d'autres, mais plus on avance dans l'histoire, plus l'auteur le rend important, écrasant. Exemple : dans les premiers chapitres, il manque de se faire tuer par des jeunes maçons et ne peut même pas se défendre ; et vers la fin du livre il tue des gardes (pourtant formés à se battre) à tours de bras, reçoit des blessures qui terrasseraient un ours, perd des litres de sang et reste toujours debout. Mieux, il court. Y a erreur sur la marchandise. Ce n'était pas ce qu'annonçait la quatrième de couverture. Je m'attendais à un déchet affaibli par la boisson, lâche, uniquement intéressé par sa propre personne, et ne voyant pas plus loin que la prochaine beuverie ou la prochaine pute qu'il se tapera.
Au début, Ballas, c'est ça. Mais pas à la fin.
Peut-être que c'est la quête de Belthirran qui lui donne le souffle épique qui lui manquait. Mais j'ai plutôt l'impression que l'auteur s'est laissé influencé par les schémas narratifs habituels.

Un autre détail qui me chiffonne : pourquoi avoir donné ce titre au livre ? le Monument est certes important pour l'action, mais pas tant que ça. Ballas s'en sépare avant même d'avoir atteint la moitié du bouquin.

Passons à l'histoire elle-même. Les premiers chapitres sont passionnants parce qu'on découvre le mode de fonctionnement de ce monde. Druine est un pays gouverné par l'Église et la corruption, et plus on avance dans la lecture, plus on se rend compte que les mensonges sont partout. Faut-il y voir une critique de la religion et de la politique ? Peut-être, bien que l'Église de Ian Graham ne soit pas la même que la vraie (elle est fondée sur le culte des Quatre, des prophètes appelés par le dieu-créateur à fusionner au sommet de la montagne Scarrendestin)... Je trouve que l'auteur a d'ailleurs pas mal approfondi les détails de ce culte. Chaque chapitre commence avec une citation d'un livre religieux retraçant le parcours des Prophètes jusqu'à la montagne. Cet exergue apporte un nouvel éclairage sur l'action (notamment à la fin, mais je n'en dit pas plus). Je trouve ça pas mal, ça permet de donner plus de consistance à l'univers et c'est intéressant de connaître les détails.

Dans ce monde, la magie existe, mais elle est interdite sous peine de mort. On ne sait pas pourquoi l'Église l'interdit (ou alors je ne me rappelle plus), ni pourquoi elle cause délibérément des condamnations injustes. On découvre aussi une race ennemie des hommes, les Lectivins. J'ai trouvé leur description assez originale. Cette race a ses points forts, mais aussi des points faibles, des surhommes dotés d'un talon d'Achille.

Passé le temps de découverte, on s'ennuie un peu. Jusqu'à ce que Ballas trouve enfin des compagnons de route, Crask et sa fille, Heresh. J'aime beaucoup ce prénom et encore plus le personnage. Bien qu'elle soit courageuse, elle éprouve aussi de la peur et nous rappelle que sans peur, il ne peut y avoir de courage.
À partir du moment où les trois se rencontrent, le rythme accélère doucement. Un jeu du chat et de la souris se met en place tandis que Ballas se rapproche de son but, mais que ses poursuivants se rapprochent de lui. Vers la fin, on est littéralement scotchés au livre.

En somme, on perd quelque chose de neuf, d'innovant en transformant Ballas en super guerrier (il est capable de lancer tous types d'objet coupant, couteau, flèche, épée, lance, et transperce sa cible neuf fois sur dix. Oui, j'ai noté qu'il a foiré une seule et unique fois. Faut pas rêver, quand même, personne n'est infaillible). Mais l'auteur arrive à combler ce défaut par la qualité de son écriture et du suspens qu'il sait instiller. C'est un bon bouquin bien écrit, et je suis prête à le recommander.
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