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Critique de NMTB


J'ose espérer que tout le monde connait « le rêve de la femme du pêcheur », la surprenante estampe d'Hokusai, remarquable témoignage de l'imaginaire érotique si fertile des Japonais. C'est à partir de cette image que Patrick Grainville a inventé l'histoire d'Haruo.
Haruo, un jeune et bel adolescent, habite avec ses parents sur une petite île. Pur et vierge, il n'a jamais connu du monde que cet environnement, les paysans et les pêcheurs de son village, une communauté de moines bouddhistes qui vit non loin de là et un étranger prénommé Allan, un scientifique à la recherche d'une panthère endémique de l'île. Haruo est tombé amoureux de Tô, la jeune veuve d'un pêcheur qui le fascine au-delà de tout.
Cette île qu'on peut situer dans l'archipel japonais au début du vingt-et-unième siècle est pourtant largement fabuleuse, à peu près préservée de la modernité. Un petit paradis, entouré d'une barrière de corail, dominé par un volcan en activité avec ses sources d'eau chaude. La vie est rythmée par le labeur tranquille des paysans dans les rizières, et pourtant l'île garde sa part de sauvagerie et de mystère. Je ne sais pas, d'ailleurs, si c'est à cause de l'atticisme de l'auteur ou de la très grande liberté de moeurs qui règne sur cette île, mais elle m'a autant évoqué le Japon que les légendaires îles grecques de l'antiquité, Lesbos, Cythère… une sorte d'Arcadie de l'amour où les tabous sexuels n'ont pas lieu d'être.
La sensualité est très importante dans ce livre. Tout la rappelle, elle est tellurique, végétale, animale, elle suinte de tous les paysages, elle déborde du volcan, de la mer et bien sûr des personnages principaux et d'abord d'Haruo qui bande pour un rien, à la simple vue d'une bufflonne se faisant traire, par exemple. Ah, la belle libido de l'adolescence ! Et même les belles amours adolescentes, car au fond le romantisme n'est pas absent dans ce roman. Il serait assez facile de se moquer de cette omniprésence charnelle dans l'écriture de Patrick Grainville et il est vrai qu'elle donne parfois l'impression de tourner au simple exercice de style, un peu gratuit. Mais on peut trop facilement se moquer de tous les grands stylistes (Patrick Grainville en est assurément un) et, après tout, il a écrit une belle fable sur l'éveil à la sexualité, forcément obsédante, irrésistiblement attrayante et inquiétante comme tout inconnu, où le fantasme pénètre la réalité.
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