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Critique de Moovanse


Il a brûlé sa poésie comme il brulait ses cigarettes …
La mort l'a pris par les poumons,
trop tôt,
alors même, paradoxe, qu'il n'eût de cesse de s'époumoner à crier ses révoltes et ses prières sur un papier de chair, respirant la Bretagne à pleins pores, exsudant ses chagrins, convictions et ses amours de Vie sous le pas des pierres brutes, collant sa rage, ses larmes et ses embruns sur les calvaires bretons, sur les champs de bruyères, au soleil des ajoncs, sur le sauvage des dunes , avec toujours, cette mer, cette mer aux yeux, palpitante, exaltante,
cette mer tout à la fois beauté, liberté et tombeau.

Il a brûlé sa poésie comme il brulait ses cigarettes …
Je regarde sa photo, en première page du livre : noir et blanc balbutiant dans les volutes de fumée, visage creux fascinant, galbé de gravité, raviné de sillons, profondes et belles rides affirmées de vécu, Et puis cette mèche « rebelle », échappée de la nuit, accrochant à elle seule l'unique rai de lumière, toute la lumière du monde. Une « gueule » ! Une gueule décharnée, sèche et brûlante, d'une profondeur rare, oui, dans ce noir et gris, une beauté lumineuse : celle qui vient du dedans.

« Les vents m'ont dit » sa voix, rauque, âpre, dévorée par la fièvre et l'ombre de la mort, poèmes dévastés par un feu dévorant, poèmes qui implorent la clémence et la grâce, poèmes qui magnifient, de fait, la beauté de toutes choses quand on sait que bientôt les yeux ne pourront plus la voir …
« Solo », « Rituel Breton » et tant d'autres :
lisez, lisez tous ces poèmes criblés de neige, de pluie et d'éclaircies,
lisez et écoutez surtout cette voix emplie de confondante sincérité.
On ne triche pas quand on arrive au bout … On ne triche plus,
« On ne possède son être qu'à son dernier souffle »

Poète pourfendeur, barde ou troubadour,
Poète des « vents hurleurs, soleils jaunes, rocs et ressacs »,
Poète de tous les hommes, dont les plus misérables,
Poète de la Vie exaltée par la mort,
Xavier Grall remue nos tripes, soulève notre réveil, et nous laisse pensifs, au prodige d'un matin, agenouillés sur notre propre marbre, éblouis par notre frêle escale.


Il repose en « Solo », là où il voulait être
Avec ses yeux de pluie et ses bagages de rêves
Sous un tas de gravier
Au jardin de la mer
Il repose en « Solo », là où il devait être
Kenavo, Mr Grall
Avec ton âme de sel et tes moussons de brumes
Sous la porte battante
De ta Bretagne bleue
Je sais
Je sais que tu souris.


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