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L'inconnu me dévore de Xavier Grall
Mes filles, mes Divines, je vous conjure d’admirer. Tout est fabuleux pour qui sait regarder. La fraîcheur du regard est le commencement de la sainteté. Détournez vous des gens masqués et de l’imbécilité des aveugles… Vous êtes ad vitam aeternam les invitées d’une fête… Je voudrais face à la vie vous savoir sans crainte et sans tremblement….
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Xavier Grall
Oui, la terre est une femme qui sera consolée parce qu'elle n'aura cessé d'appeler et d'attendre, sur tous les rythmes des sons et des couleurs et par la magie de tous les verbes, ce qui se trouve au-delà de la terre de toute éternité. L'art n'est que la respiration haletante de l'amour.
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Oeuvre poétique de Xavier Grall
Les vieux de chez moi ont des îles dans les yeux Leurs mains crevassées par les chasses marines Et les veines éclatées de leurs pupilles bleues Portent les songes des frêles brigantines Les vieux de chez moi ont vaincu les récifs d'Irlande Retraités, usant les bancs au levant des chaumières Leurs dents mâchonnant des refrains de Marie Galante Ils lorgnent l'horizon blanc des provendes hauturières Les vieux de chez moi sont fils de naufrageurs Leurs crânes pensifs roulent des trésors inouïs Des voiliers brisés dans les goémons rageurs Et luisent leurs regards comme des louis Les vieux de chez moi n’attendent plus rien de la vie Ils ont jeté les ans, le harpon et la nasse Mangé la cotriade et siroté l’eau de vie La mort peut les prendre, noire comme pinasse Les vieux ne bougeront pas sur le banc fatigué Observant le port, le jardin, l’hortensia Ils diront simplement aux Jeannie, aux Maria "Adieu, les Belles, c’est le branle-bas" Et les femmes des marins fermeront leurs volets. Xavier Grall - Les (vieux) Marins p87 + Lire la suite |
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L'inconnu me dévore de Xavier Grall
Je m'en reviendrais, avec ma musette pleine de larmes, de livres et de rêves. Et à mon tour je dévorerai l'Inconnu dans une ineffable et éternelle étreinte. Je m'en viendrai avec la souvenance des paysages et des peuples. Chanteront les mers, danseront les galaxies, tressailliront les peuples. Donner, se donner. Nous sommes tous dans la main du Grand Amant et les premiers balbutiements de notre adoration sont les premiers moments de notre dignité. |
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Oeuvre poétique de Xavier Grall
MENHIR Tout est bien de ce qui est Tout est bien de ce qui sera J’ai vécu mes journées Viendra ma nuit La mort ailleurs continue les songes de la vie Le soleil ne se lasse de caresser la stèle funéraire Sans que la terre en tire ombrage Et les pluies adoucissent la rigueur ossuaire Tout ce qu’il est possible d’aimer Je l’ai aimé J’ai fait aller le mythe avec la théologie Et le rêve toujours épousa ma raison Ainsi par les chemins d’Argol La pierraille chante avec l’ancolie Menhir Je veux une mort verticale Parmi les ronces paysannes Que nul féalement ne grave mon nom Nulle épitaphe sur la pierre Nulle dédicace au granit Menhir Je veux seulement des vocables de lichen Et la jaune écriture que silencieusement burinent Les bruines hivernales et les vents d’océan. Xavier Grall, Oeuvre poétique, La Sône, des pluies et des tombes, p 116 |
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Xavier Grall
Renier la beauté du monde, c’est pécher contre la Lumière. Dieu ne pardonne pas cette insulte. » |
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L'inconnu me dévore de Xavier Grall
Dieu me dévore, ma puissance fut le vent. Mon étude fut la mer. Ma connaissance fut celle du monde. Et mon amour fut vaste comme l'horizon d'Aran.
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Barde imaginé de Xavier Grall
Cela ne me sera pas enlevé, cette amitié des saisons, ces noces avec le soleil, cette farandole dans les vents. On ne m'enlèvera pas tout. Ni cette haine des mensonges, ni ce mépris des sépulcres. La pureté est violente, subversive. Tant pis.
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Barde imaginé de Xavier Grall
Je me souviens des étés trempés d’embruns et les embruns étaient les langues de tous les climats. Je me souviens des enfances boitillant dans les sables, des navires partant, multicolores, Valparaiso, la Trinidad, et toutes les Espagnes lues dans les flaques, entre la moire des schistes. Le petit port balançait des proues. Bordées contre bordées…Les voiles brunes ocres pendantes, cuirs de Cordoue au séchoir des mâts… Filets, algues prises, laminaires errantes, et cette mélancolie si intense qu’elle était félicité, mélancolie d’octobre sur la brume du havre, fanal au crépuscule. Mer baradoz ! Le songe est plus que la vie, la mer est plus que la rive. Je m’assis dans le sable et un pétrel, de son aile glacée, me râpa le visage. Alors mon deuxième œil s’ouvrit et je vis tout, parfaitement. Je vis les hommes et les femmes, les saints et les saintes, les guerriers et les martyrs. Ils surgissaient de la mer et ils me nommaient tous par mon nom et je sentis enfin que j’avais chaud dans le cœur, que je sortais de ce très long hiver des âmes gelées, et je vis qu’ils étaient paysans, marins, prêtres et qu’ils ne ressemblaient pas à ceux que j’avais connus jusqu’à ce jour et ils me disaient de louer le lin et de louer l’algue, de célébrer le blé et la bruyère, et de louer le navire et la hune. Je sus alors que j’avais trouvé mon âme et qu’elle était vaste comme la mer.
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Bobinette ?