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Critique de JIEMDE


Un polar atypique, un cadre envoûtant et un personnage attachant amené à devenir récurrent : trois ingrédients d'une recette qui fonctionne !

2007, la Nouvelle-Orléans se remet difficilement du passage de Katrina. Passé le choc, l'émotion planétaire, les (quelques) secours de première urgence, la ville et ses habitants sont livrés à eux-mêmes et tentent de réapprendre à vivre dans une ville où le chacun pour soi est devenu la règle. Dans la ville des morts, il y a également la Communauté des disparus, tous ceux dont on ne sait pas s'ils se sont noyés, s'ils ont fui dans un état voisin ou s'ils sont toujours vivants, terrés quelque part ou subsistant sous une nouvelle identité parmi les hordes de clochards ou les gangs qui occupent désormais les rues.

C'est le cas de Vic Willing, auparavant substitut du procureur et notable de la Nouvelle Orléans, que nul n'a revu depuis l'ouragan. Son neveu charge Claire DeWitt, détective privée atypique de le retrouver. de retour dans une ville où son destin s'est noué dans une vie antérieure, Claire va mettre en pratique les enseignements de Constance qui fut autrefois son mentor, mais aussi ceux de Jacques Silette - le "pape" français des détectives dont la "bible", Détection, ne la quitte pas - pour résoudre à sa manière une énigme que tous veulent conserver enfouie.

L'énigme en elle-même ne mériterait pas ces 370 pages si elle ne se doublait d'une véritable plongée dans l'ambiance de la Nouvelle-Orléans post-Katrina, à la manière parfois d'un reportage télévisé, plutôt descriptif, mais bien plus souvent comme une tentative - réussie - de nous faire capter cette ambiance si particulière d'une ville cosmopolite qui revient à la vie. Certes, la ville est devenue une zone de non droit où, sous l'effet de l'alcool et des drogues, tout est permis puisque la police ne sait plus où donner de la tête. Les armes font la loi : celles des guns glissés sous les ceintures des caïds de quartiers, comme celle des fusils posés à côté des portes des habitants terrés chez eux.
Mais dans cette atmosphère de chaos, de nombreuses lueurs d'espoir apparaissent. Celles d'une ville qui a l'entraide dans son ADN comme en témoignent les initiatives spontanées de sauvetages et d'accueil lors des inondations. Celle d'une ville qui se reconstruit individuellement, maison après maison, tout doucement, dans la terreur mais avec le souhait de ne pas la laisser aux mains des grands opérateurs immobiliers, rapaces modernes déjà aux aguets. Celle d'une ville enfin dont les traditions de métissages s'illustrent parfaitement dans les groupes de carnaval, véritables familles rassemblées et unies par le sens de la fête et des traditions, qui renaissent chaque année et qu'aucun ouragan au monde ne peut anéantir.

Et enfin, il y a Claire DeWitt. Autoproclamée Meilleure détective du monde, Sara Gran la rend attachante dès les premières pages et s'attache ensuite à poser les différentes pièces du puzzle de son histoire, dont elle ne distille que quelques clés : Claire est appelée à devenir l'héroïne récurrente des prochains opus de Sara Gran, il faut donc garder de la matière pour les prochains tomes. Sans en savoir beaucoup plus, on apprend ainsi des bribes de sa jeunesse : sa relation fusionnelle avec ses "soeurs" Kelly et Tracy aujourd'hui disparue ; Constance qui la prit sous son aile ; mais aussi ses tourments, ses démons, ses influences ésotériques... Bref, amateurs de privés à la Marlowe, passez votre chemin. Vous ne retrouverez aucun des attributs chers à Chandler chez Claire. Et c'est tant mieux !

La suite n'est pas encore parue en France. Dommage...
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