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Critique de DOMS


DOMS
12 septembre 2014
Marko Voronine quitte l'Europe de l'Est avec deux autres compagnons et une jeune fille de quinze ans, ils espèrent trouver une vie meilleure en Europe. Mais le voyage ne s'est pas passé comme prévu. Ils doivent fuir et se cacher quelque temps pour échapper à la mafia Roumaine et se faire oublier. Une fois arrivés en France, chacun part dans une direction.
Nous allons suivre Marko, qui part plein Ouest, vers la Bretagne. Très vite, lui qui n'a pas le pied marin, trouve un emploi sur l'ile de Belz, à bord du bateau de Joël Caradec. Là il va se faire passer pour un grec. Trop compliqué d'avouer qu'il arrive d'Ukraine et sans papier en cette période où l'on renvoi les étrangers en situation irrégulière.
Mais sur une ile, les inimitiés sont nombreuses, les tensions, aussi, il y a peu de travail et la vie des marins est dure. Ceux qui n'ont plus d'emploi se retrouvent à « l'escale » le bar de l'ile, et parlent de cet étranger qui est venu prendre leur travail. Les marins sont habitués à une vie dure et exigeante, la mer donne mais prends aussi beaucoup. Ils parlent, boivent, se disputent souvent, des tensions fortes éclatent, du ressentiment, de vieilles histoires ressortent, les légendes et les peurs irrationnelles aussi. Celle de l'Ankou par exemple, où la mort vient rôder et chercher ses nouvelles proies.
Marko pensait être transparent, isolé sur cette ile tout à l'ouest, alors qu'on ne parle que de lui.
Il se lie d'amitié avec Caradec, son employeur, mais aussi avec Papou, personnage étrange qui vit en marge des habitants de l'ile, et avec Venel, un libraire plus amoureux des livres que des hommes.
L'auteur nous fait vivre cette ambiance particulière qu'est la vie sur une petite ile. A Belz, cette île au bout du monde, hors saison personne ne vient troubler les habitudes des locaux. Les habitués de « l'escale », repère de tous les marins, ivrognes en mal d'emploi, haineux ou envieux, triste ou désespérés, n'ont rien de mieux à faire qu'à parler de l'intrus.
Un patron de bar et des marins attachants, un libraire peu commun, un Papou en marge des autres, un Caradec solitaire et bourru, un curé un peu étrange aussi, dont on ne sait pas trop quel rôle il joue lorsqu'il parle de Satan, du bien et du mal
Les personnages sont vivants, on les imagines avec leurs vies, leurs craintes, leurs peurs des légendes encore si vivantes dans certaines régions isolées. Et il n'y a pas plus isolé qu'une ile ! Dans cette Bretagne qui tout d'un coup nous parait si vivante, frappée par les orages, fouettée par les embruns, la houle et les tempêtes, mais aussi les pertes d'emploi et la vie difficile des marins, on voit les bateaux, là, au bord, on voit vivre les marins sans travail, on devine leur désespoir, là, accoudés au comptoir du bar .
Et Marko qui cherche sa place au milieu d'eux, avec son histoire et son passé qui sont là, présents sans trop y être, comme sa course contre la montre pour fuir cette mafia Roumaine qui le recherche.
On retient son souffle tout au long du livre, on sent la tempête arriver, l'Ankou survole les pages et les craintes, l'intrigue se mêle à la légende, c'est un vrai beau roman avec du suspense et des embruns, avec une ambiance et des personnages , différents, attachants, qui coule à un beau rythme.
Je pense en particulier au passage où chaque personnage est décrit dans un même instant, chacun son tour, tenant le lecteur en haleine, en attente du pire et du dénouement.
Un vrai beau polar, à la fois du thriller, de la légende, une étude sociologique de la vie de marins, et même au passage une histoire d'amour, tout y est sans que ce soit pesant.
D'Est en Ouest, un vrai voyage à un rythme soutenu et intense, c'est très original et particulièrement bien écrit. Bref, allez y vous ne serez vraiment pas déçus !
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