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Critique de Nicolas9


Antonino, neuf ans, est le fils d'un garde civil (gendarme). Il vit dans la Sierra andalouse, plus particulièrement dans la caserne où travaille son père. Nous sommes à la fin des années 40 et les montagnes de cet arrière-pays reculé abritent des maquisards républicains qui ont refusé de se rendre à la police militaire de Franco.
On peut d'ailleurs les comprendre : ceux qui l'ont fait ont été d'abord torturés puis fusillés contre le mur d'un cimetière, histoire d'être efficace... Quant à leurs proches, ils sont devenus des parias, privés de tout emploi public ou bien rémunéré. Ils vivent dans un dénuement tel qu'il ne leur reste souvent plus que la peau sur les os. Et ils savent qu'ils demeureront des intouchables durant des décennies, car les Alliés ont définitivement renoncé à libérer l'Espagne du joug franquiste. Comme disaient les Américains, no return on investment.
En tant que fils d'un représentant de l'ordre, Nino (diminutif d'Antonino) n'est pas riche pour autant, tant s'en faut. Mais, en plus, il doit supporter les hurlements des paysans torturés dans les cellules situées sont le logement de fonction accordé à son père. Des cris qui frôlent la folie et qui rendraient dépressif le gosse le plus équilibré du monde : « On ne pouvait pas continuer à vivre de cette façon, mais c'est ainsi que nous vivions. Et les parenthèses de calme, les mois sans coup de filet, sans arrestation, sans enterrement, n'avaient d'autre sens que l'attente... Qu'on entende à nouveau toquer à la porte d'à côté ou à sa propre porte.
- « On emmène votre mari faire sa déposition, Madame. Ne vous en faites pas, nous le ramenons tout de suite ». Et puis...
- (Au prisonnier) « Tu peux t'en aller, mais reste devant nous, qu'on puisse te voir partir ».
Et les coups de feu au petit matin, « car votre mari a tenté de s'enfuir, Madame, et nous n'avons pas eu d'autre solution que de lui tirer dessus... » Toujours les mêmes mots, toujours la même syntaxe bureaucratique de la terreur. le vocabulaire mesuré des fausses condoléances, la courtoisie tiède des assassins. »

Mais, rassurez-vous, tout le roman (basé sur des faits réels) n'est pas aussi noir. On assiste notamment à la rencontre entre Nino et un solide gaillard habitant en dessus du village nommé Pepe el Portugués. Cet ex-aventurier solitaire va lui servir de modèle de vie et lui permettre de sortir de l'atmosphère étouffante d'un village plombé par la terreur franquiste.
Et, le gosse ira de découverte en découverte que ce soit sur le plan intellectuel, politique ou amoureux. Une très jolie histoire qui amène avec elle des émotions si belles qu'on les dirait réelles. Impossible de lâcher le bouquin avant le dénouement !
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