Prenons l'exemple d'une espèce qui ne se reproduit pas comme nous.
La bactérie responsable de la peste.
En l'an de grâce de 1340, les gens mouraient en masse d'une maladie. La peste noire a été tellement violente qu'entre un tiers et la moitié de la population y est passée, dans tous les pays européens. Sauf en Pologne, étrangement.
Venue des steppes asiatiques par la Route de la soie, la responsable de ce charnier était 'yersina pestis'. Une bactérie parasitant les puces qui vivent en temps normal sur des rats noirs. Les rats noirs ont voyagé sur des navires marchands, transportant les puces et les bactéries avec eux.
La bactérie avait trouvé une façon efficace de se propager : en infectant la puce, elle va se multiplier à toute vitesse. Jusqu'à remplir son oesophage et le boucher. Pour éviter de mourir de faim, la puce commence à taper dans des sources de nourriture inhabituelles, dont les humains. [...]
Sa stratégie pour boucher l'oesophage de la puce est tout simplement de se cloner des milliards de fois. Par un mécanisme qui s'appelle la scissiparité.
Elle duplique d'abord son contenu interne. Puis sépare chaque copie de chaque côté de la cellule. Elle crée un mur au milieu, et bim. Deux cellules. Chaque cellule va donner deux autres cellules, puis 8, 16, 32, etc.
Pas de sexe, pas de mélange de gènes, juste de la copie.
Ctrl + C.
Ctrl + V.
Se reproduire en 'faisant du sexe' n'aurait pas permis une telle explosion du nombre de bactéries Il faut être deux individus pour en produire un nouveau. Si chaque couple fait une fille et un garçon, la population reste stable.
Imaginez que chez une espèce qui ne 'fait' que du sexe (genre nous), un individu apparaisse avec la capacité de se cloner ! Pendant que ses 'amis' auront besoin de s'y mettre à deux pour produire un nouvel individu, il sera tranquillement en train de remplir la planète avec des mini-lui.
(p. 16 à 22)
Le sexe serait étonnant pour [un] extraterrestre. D'un point de vue logique, le sexe est un paradoxe.
D'ailleurs, il y a de bonnes chances que vous ne sachiez pas vraiment ce qu'est le sexe. Laissez-moi vous en donner une définition. Hmm ? Ah, tu sais ce que c'est ?
- 'La bite et la fouffe' ? 8=D ((I)) *
- Ah non, on dit 'sexe'. Mais les organes génitaux ne sont apparus que bien après le vrai sexe.
- 'Le concept de mâle et de femelle' ?
- Hé, hé, toujours pas ! Et le sexe au sens des différents types d'individus nécessaires pour faire des bébés est apparu après le sexe lui-même.
Parfaitement, la distinction entre les mâles et les femelles est apparue à un certain moment dans l'évolution. Et cet événement est plus tardif que l'apparition du vrai sexe, celui dont je parle.
Le sexe, c'est la mise en commun de l'identité de deux individus, qui en produit un troisième, différent.
(p. 8 & 9)
* comme l'ouvrage est une BD, j'ai essayé de reproduire les illustrations, façon Hugo ! 😏
Bref, beaucoup de choses que vous pensez évidentes viennent en fait d’une longue histoire évolutive. Une histoire passée à faire du sexe.
Il y a plus de bactéries dans notre système digestif qu'il y a de cellules dans notre corps.
Mais c'est quand même chouette de se dire que l'évolution, un mécanisme aveugle, sans but et hyper bordélique, a pu faire apparaître les grands-mères.
Comme nous sommes ici pour causer de biologie et que dans ce domaine, les Homo sapiens sont loin d'être les plus intéressants, on n'en parlera pas.
Le sexe, c'est la mise en commun de l'identité de deux individus...
Qui en produit un troisième, différent.