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Critique de MonsieurHyacinthe


Est-ce l'écrivaillon qui pose ses mots sur les gribouillis du dessinandier, ou le barbouilleur qui illustre le scribouillard ? Toujours est-il que "Loin du mythe" (2007) nous offre une belle association aux éditions de Tournon / Carabas, formée par Vincent Gravé et Charlélie Couture (qui signe sous le nom de CharlElie).

Curieux du chanteur, adepte du nouvelliste, conquis par le poète, j'adhère à présent au faiseur de BD. Décidément, ce couteau-suisse humain a de sérieux arguments dans la musette. La poétique est là. La forme est étendue, distendue, les phrases s'étalent souvent sur plusieurs pages, la narration émane principalement du dessin, jaillit de sa multitude d'effets. Puis, quand on ne s'y attend plus, le texte reprend le dessus. Jeu de ping-pong, réponses de soliste à virtuose, la mécanique est huilée. Il en transpire une ambiance éthérée, douce et hallucinée, tel un voyage sous psychotropes.

Côté visuel donc, Vincent Gravé n'est avare de rien. Vieilles affiches, mortes pubs, collages, graffitis, émoticones, comics, salissures, emprunts et références se mêlent aux croquis léchés du graphiste aux manettes. le peinturlureur m'avait déjà bluffé avec son "Camille Claudel" (2012) écrit par l'excellent Éric Liberge. Cinq ans plus tôt, dans "Loin du mythe", la profusion de style est déjà là. Dessins isolés, grandes fresques, pêle-mêle, montages, l'homme utilise la page dans sa pleine mesure, casse les codes, s'échine à se renouveler sans cesse. C'est brillant !

L'histoire brosse les débuts des "Biscuits", un groupe lycéen, entre rock et rap, poésie et textes sociaux. La chronique est criante de vérité, j'ai revécu mes jeunes années, les emmerdes, la débrouille, l'inexpérience, les scènes qui "tombent à l'eau" et les joies soudaines. On passe du jazz au rock, on frise le funk, on froisse la soul, on ressent la musique comme un salut, une guérison au mal de vivre, en guise de pansement contre la société de consommation. On croise entre autres Charlie Parker, Mick Jagger, Amp Fiddler, et les traits d'un certain CharlElie dans le carnet de croquis final, ainsi que Matthias Malzieu, romain Humeau (Eiffel), Bumcello. Que du bon quoi !
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