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Critique de Harperaluchat


Je remercie Babelio qui m'a envoyé ce roman dans le cadre de la masse critique, roman qui mérite un avis détaillé.

1] L'histoire – Godwin Baxter, fils de Sir Collins, chirurgien renommé, a des passe-temps étranges, son camarade de la faculté de médecine, McCandless, s'en rend compte quand il voit chez lui un lapin moitié blanc, moitié noir et son jumeau inversé, redevenus quelques jours plus tard l'un un lapin noir et l'autre un lapin blanc… Alors quand Godwin redonne vie au cadavre d'une jeune femme enceinte qui s'est suicidée en se noyant, après s'être lestée avec des pierres, cela n'étonne pas McCandless qui vient voir cette fabuleuse créature. Cependant Godwin le prévient que sa création est un peu étrange puisqu'il a utilisé le cerveau de son enfant à naître pour lui insuffler la vie, d'où notamment son langage enfantin… Autre souci, la jeune femme déborde de vie et dynamisme et Godwin voit en McCandless un moyen de recentrer l'intérêt de la jeune femme. McCandless tombe immédiatement amoureux de la jeune femme qui se montre très entreprenante, les fiançailles sont annoncées mais l'attention de Bella est déjà tournée vers un autre homme, Duncan Wedderburn, avec lequel elle s'enfuit. le lecteur suit alors ses aventures, dans une mise en abîme narrative puisque celles-ci sont en réalité découvertes au fur et à mesure des lettres que reçoivent Godwin et McCandless qui mettent en évidence la fatigue de Wed constamment sollicité par sa compagne à l'appétit sexuel insatiable et les découvertes de Bella…

2] Mon avis :
Le fil narratif conducteur n'est somme toute qu'un prétexte (pré-texte) qui va s'épaissir en un tissu (textum) dense et compact, baroque, rempli d'éléments greffés au récit à l'image de la greffe opérée sur Bella : de nombreuses et longues lettres de différents scripteurs, des articles de dictionnaire, des dessins, des illustrations… Un roman donc baroque, rococo, et continuellement en mouvement puisque si le point d'ancrage est la demeure de Godwin Baxter, les lettres narrent le voyage de Bella après sa fugue avec Wed.
Bella tel le héros des romans picaresques en version picara mène une vie à sauts et à gambades, où l'argent manque régulièrement.
L'onomastique est signifiante : Bella (la Belle et la Bête, d'ailleurs qui est la Bête ? Plusieurs noms vous viendront en tête), Godwin surnommé God (Dieu créateur, Pygmalion pour cette Galatée), McCandless surnommé chandelle par Bella…
L'intertextualité est partout, textes sous le texte à l'image des greffes opérées : la candeur de Bella en fait un personnage de contes philosophiques, nouvelle Candide, les lettres persanes font écho à ses lettres ; Frankenstein est le démiurge Godwin, qui lui a cependant la sympathie de nommer sa créature ; La Belle et la Bête… En même temps la Salpêtrière et les travaux sur l'hystérie avec l'évocation de l'érotomanie et de cette terra incognita que représentait la femme pour les médecins de l'époque me sont venus en tête…
Enfin, l'auteur mêle les genres, absurde, surréaliste, gothique, théâtral, burlesque, artistique, autant d'épithètes pouvant être attachées à ce roman bigarré.

Cependant si je reconnais la puissance de l'écriture, ce roman ne m'a pas séduite, il m'a mise mal à l'aise et je n'irai pas voir le film car ce que l'écriture ne fait qu'évoquer deviendra sans nul doute d'une crudité dérangeante à l'écran. J'ai trouvé le personnage de Bella (et le ballet des pauvres créatures du titre qu'elle traîne derrière elle) pathétique, tout comme la créature de Frankenstein d'ailleurs, mais j'ai surtout détesté le regard et l'attitude du masculin sur le féminin, de cette société victorienne étriquée.
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