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Critique de Nio


Décidément, 2016 est mon année Hitchcock. Depuis le début de l'année, je me suis déjà vu 4 films et l'on m'a offert également un livre à mon anniversaire abordant justement l'univers d'Hitchcock sous un autre angle qui promettait d'être des plus intéressants : l'histoire de Marli Renfro, la doublure-nue de Janet Leigh sur le tournage de Psychose pour la fameuse scène de douche. Hein quoi ? Vous ne saviez pas qu'il y eut une doublure pour la fameuse scène de la douche de Psychose ? Il est vrai que ce qui est à première vue un détail ne peut probablement que parler aux fans inconditionnels de Hitch. le réalisateur lui-même le cacha pendant un long moment avant finalement de le mentionner rapidement à Truffaut dans leurs longs entretiens.


Comment ça, vous n'avez pas vu le film et je spoile ? Mais ? MAIS ? Voulez-vous bien arrêter de lire cette chronique !


Au final si le livre est passionnant ce n'est que par intermittences, hélas. Je m'explique : Robert Graysmith est un très bon journaliste. Pas forcément un bon écrivain. On peut en fait dégager deux tendances dans ce roman-enquête. La première justement, ce qui relève de l'investigation et qui fascine totalement. Graysmith n'est pas un manchot à la base : l'affaire du tueur du zodiaque lentement suivie et compilée sur plusieurs années, voire décennies, c'était lui. Par la suite, David Fincher avait fait un film qui reprenait avec fidélité cette traque d'un tueur insaisissable en incorporant bien sûr Graysmith en tant que personnage secondaire puis principal d'une enquête qui était somme toute, toute sa vie. L'enquêteur-journaliste était bien sûr joué par l'impeccable Jake Gyllenhaal, lequel devait je suppose ressembler assez fortement à ce que devait être Graysmith dans les années 60-70. Rien que d'en parler j'ai envie de me le revoir, quel film, mais quel film.


Or, Graysmith donc, a plusieurs cordes à son arc, plusieurs enquêtes suivies sur plusieurs années. Pendant longtemps, fasciné par la pin-up Marli Renfro, le journaliste s'est dit qu'il pourrait un jour écrire sur elle et a compilé documentation sur documentation au fil du temps. La première "rencontre" avec elle se produit peu avant son 18ème anniversaire, alors qu'il est étudiant et projette d'aller voir Psychose, alléché par la courte critique de Playboy (les seuls qui étaient plus ou moins au courant de ce qui se passait dans le film --les journalistes n'avaient jamais étés convié à la moindre projection de presse en avant-première à l'époque, ce qui avait fait grincer des dents, Hitchcock jouant à fond sur l'effet de surprise du film-- mais qui jouèrent le jeu de Hitch en en disant rien du tout et invitant les spectateurs à le voir !), reproduite à la page 257 du "roman", et bien sûr par sa couverture sensuelle dévoilant justement Marli :


"J'ai refermé le magazine pour examiner la couverture où figurait une splendide rousse dans un décor qui évoquait une douche. La couverture aux tons chauds composait un puzzle dont il manquait une pièce. Cette pièce manquante qui donnait envie d'en savoir plus sur la fille.

A Chicago, Marli Renfro reposa son numéro de septembre de Playboy sur la table et le laissa bien en vue à l'intention de sa colocataire. Elle avait été ébahie par l'engouement du public pour Psychose, ainsi que par le retentissement du film et, surtout, de sa scène. Elle était célèbre sans l'être, dans l'impossibilité de révéler que c'était elle que l'on voyait à l'écran. Marli ne pouvait manquer à la parole qu'elle avait donnée à Hitchcock comme tout le reste de l'équipe.

Plus tard, une de ses amies lui demanda : "Tu savais que Psychose était inspiré d'un fait réel ?

_ ça ne m'était pas venu à l'esprit avant que Hitchcock en parle", répondit Marli. " (p.258)


Dans l'investigation donc, Graysmith fait des merveilles. Marli qui est sur le plateau de Psychose, la rencontre avec le maître, les prises de vues, la scène en question, voire plus tard, sa rencontre pour un petit rôle chez Coppola dans l'inédit Tonight for sure de 1962 (en fait un film pas vraiment de Coppola à la base mais dont il fait le montage et finit par s'accaparer en tournant des prises en plus apparemment); tout ça c'est du pain béni, on est aux anges (surtout le cinéphile). L'histoire du tueur Sonny Busch (dont la 4e de couv que j'ai repris comme synopsis se trompe dans l'énoncé des faits, comme quoi hein, on cherche à allécher et appâter parfois trop le lecteur. Il s'agit d'un autre tueur qui est condamné en 2001, que Graysmith n'évoque quasiment pas du coup, Busch étant condamné à mort et exécuté le 14 mars 1962) en parallèle (et qui va progressivement changer son modus operandi de meurtres après avoir vu Psychose, curieusement !), c'est la délicieuse cerise sur le gâteau.


Mais pour l'aspect romancé, on doit par contre se taper de longs paragraphes sur Marli qui monte à cheval, Marli qui est contente de se faire des ami(e)s au club de naturiste, Marli qui est contente d'aller pêcher l'espadon, Marli qui va faire des poses de photos de nu (et on sait que si on doit parler de photographie comme de graphisme, comme le dit le proverbe, "un petit dessin vaut mieux qu'un long discours". Or là, malgré quelques photos en tous genre au milieu du livre --d'Hitch, de Janet, de Marli, voire Sonny--, peau de zob, nada, rien, c'est un comble pour un livre avec un modèle nu dont on a en somme la biographie !). On échappe de peu à Marli l'exploratrice qui va aller avec Dora à la poursuite de Chipster. Pitiéééééééé. A ces moments fort nombreux qui coupent à chaque fois tout le rythme et les zones d'investigations, le livre m'est presque tombé des mains. Et sacrilège, pour une fois dans ma vie, je me suis surpris à sauter des pages dont je vous avoue je n'avais franchement rien à foutre (ok Marli va à un casino et le-dit casino plus tard va brûler. Et donc l'intérêt dans tout ça ? Aucun. C'est juste pour nous montrer soi-disant les dessous d'Hollywood au travers d'une énième digression qui n'apporte rien à l'histoire de Marli et de la mythique session sous la douche, pas plus que la trajectoire à part de Sonny, l'étrangleur à la balle). Et disons le nettement, l'intérêt du roman en prend un coup à chaque fois. On couperait 60 pages là dedans, on arriverait à du grand, du très grand.

Ce n'est malheureusement pas le cas.


Au final un livre plaisant à lire dans l'ensemble mais qui couve le chaud et le froid : très bon quand ça tourne autour de Psychose et que Graysmith restitue tous les échanges du réalisateur qui sont connus et moins connus (car on se doute que Graysmith a beaucoup pioché dans l'entourage du réalisateur aussi, que ce soit dans les documents écrits et audiovisuels qu'il y avait ou bien en allant voir les rares encore vivants, voire les proches) ainsi que cette histoire de tueur qui rôde non loin des studios à l'époque. Pas terrible quand on parle d'autre chose, ce qui doit quand même être les 2/5ème du livre. Bref, semi-déception. Pour ma part j'en reste très mitigé (le potentiel est formidable et on en reste avec un énorme sentiment de gâchis finalement). Pour les fans de Hitch et psychose ? Oui un peu, mais il y a mieux je pense.
Lien : http://dvdtator.canalblog.co..
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