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Critique de Tounis


Premier contact avec l'oeuvre de Julien Green, Chaque homme dans sa nuit a été pour moi une lecture agréable et digne d'intérêt.
Pourtant, on peut se poser des questions sur le catholicisme de Wilfred, et la religion telle qu'elle est présentée tout au long du texte. En effet, elle apparaît toujours comme un pur moralisme, empêchant les différents personnages d'assouvir leurs passions, tout en les obligeant à ressentir une culpabilité permanente. Ainsi, plusieurs personnages cachent leur chapelet pour qu'il n'assiste pas à leurs actes de dépravation. Quant au fait que le personnage principal soit catholique, cela semble essentiellement destiné à l'opposer au reste de sa famille, protestante. Bien que cette présence pour le moins schématique du fait religieux dans le roman m'ait déçu dans un premier temps, j'ai fini par l'interpréter comme une critique de la société puritaine américaine que l'auteur a sans doute bien connue.
Le récit, quant à lui, m'a intéressé dès le début. le personnage principal, vivant à la marge de sa famille, entre la société raffinée de ses cousins et les cercles obscurs fréquentés par Max, ne manque pas de profondeur. Constamment mal à l'aise parce qu'il constate que l'image que ses proches ont de lui ne correspond pas à la réalité, il passe au fil du roman d'une obsession pour la sensualité à la découverte d'un amour plus grand, malheureusement impossible sans être complètement désespéré. Les personnages qui gravitent autour de lui, tous fragiles et généralement malheureux, évoluent également sans que les actes de Wilfred ait toujours les effets escomptés.
Cela m'amène à un dernier constat. Chaque homme dans sa nuit : le titre insiste sur la solitude qu'éprouve chaque personnage face au problème qui le ronge. Mr Knight ne parle pas à sa femme, Phoebé est trop timide pour se livrer, Angus se livre mais a déjà décidé ce que son cousin devait penser de lui, Max est difficile à comprendre et Wilfred refuse de parler du seul sujet qui l'obsède : la religion. Sans doute cela rejoint-il ma première remarque sur la critique de la société. A aucun moment n'est esquissée une quelconque vie communautaire, une amitié où règne une confiance suffisante pour laisser tomber le masque, une affection permettant d'aborder librement les souffrances induites par les limites des personnages. En cela, considérant l'évolution individualiste de notre société, Chaque homme dans sa nuit n'a rien perdu de son intérêt.
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