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Critique de Williamine


Dans cette période de son journal, Julien Green pense avec une profonde nostalgie aux années passées dans une certaine insouciance et avec la certitude que tout pouvait durer.
A ce titre, ce journal est exemplaire. Confrontant le triste présent au passé idéalisé, il illustre l'incapacité du diariste à vivre dans le présent.
Mais n'est-ce pas le lot de tout diariste ou autobiographe que d'être dans l'incapacité de vivre ici et maintenant ?
Mais ce sont précisément cette inaptitude fondamentale à vivre dans le présent et cette nostalgie qui nous offrent les plus belles pages de la littérature.
Voici donc un extrait du journal du 17 septembre 1940 :
« Ce matin, par un caprice de ma mémoire, je me suis revu en 1937, dans une pièce de l'appartement de Jacques Bouchinet, rue du Val-de-Grâce. C'était vers la fin d'une pluvieuse journée d'octobre et les réverbères allumés se reflétaient sur les trottoirs luisants ; de temps en temps, une voiture glissait dans la pénombre. Dans la maison d'en face, un enfant écrivait ses devoirs sous une suspension, et je le regardais, retenu par cette image banale et paisible ; j'avais devant les yeux le symbole de quelque chose qui devait disparaître, mais je n'en savais rien. Je croyais que tout, autour de moi, était solide et je vivais dans un décor dont les portants devaient s'abattre aux premières rafales de la tempête. J'étais heureux ; rien ne nous avait déchiré le coeur depuis de longues années. »
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