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Critique de oran


Le théâtre, au XIX è siècle , est un divertissement très couru dans toutes les classes de la société. Dans ce contexte, dès 1830, ce divertissement est donc un instrument privilégié pour distraire les troupes en garnison en l'Algérie mais aussi pour légitimer la conquête, propager l'esprit colonial , démontrer la supériorité du colonisateur, justifier la politique de domination et d'expansion . Les auteurs dramatiques sont particulièrement inspirés par le déroulement de cette conquête.
Cet ouvrage, thèse de doctorat d'Amélie Gregorio, résulte de l'analyse d'un très grand nombre de pièces, comédies de moeurs, pantomimes, vaudevilles, scènes équestres, music-hall, tragédies, drames, un répertoire varié mettant en exergue l'actualité de cette époque , où entrent en scène l 'indigène - l'Arabe, face au Français, des figures qui évolueront au fil du temps.
Dans les premiers temps de la conquête, les pièces racontent avec partialité et « illusion de vérité » l'avancée des soldats de l'Armée d'Afrique, les victoires françaises, exaltent le courage des troupes françaises, les valeurs de la France tout en faisant l'éloge des dirigeants politiques : La censure veille et sanctionne le cas échéant. La mise en scène se veut réaliste, authentique : décors exotiques (désert, intérieur de harem), musique, costumes colorés …
L'Arabe, le Kabyle, le Touareg le métissé, stéréotype négative et sauvagement caricatural, c'est le bestial, l'inculte, le fourbe. « L'image du coupeur de têtes traverse bon nombre de pièces ».
« J'suis Français, J'suis chauvin/J'tapp sur le Bédouin » Ces quelques paroles d'une chanson résument l'ambiance !
La femme arabe est belle, sensuelle, désirable, elle fait fantasmer.
Puis l'Arabe devient allié , surtout quand il se transforme en zouave bonhomme , en tirailleur rieur , « avatar exotique du troufion » mais il reste le niais de service.
Et puis le théâtre évolue la figure de l'arabe prend une autre dimension, une autre valeur, les dialogues deviennent fraternels, l'indigène se fait héros.
Amélie Gregorio conclut ainsi : « Un tel patrimoine théâtral et culturel, à certains égards encombrant dans sa dimension idéologique, ne mériterait-il pas d'être redécouvert, reconsidéré sinon réhabilité, moins pour les réponses historiquement datés qu'il apporte sur le sujet de l'altérité que pour les questions qu'il continue de poser à notre société ? ».
J'ai beaucoup appris de cette lecture, dense, particulièrement bien documentée, j'ignorais ce théâtre colonial et si on aime le THEATRE je vous invite à récouter Camus qui disait « « le théâtre n'est pas une école de haine mais de réunion »
MERCI à BABELIO et aux Presses universitaires de Lyon - Livre reçu dans le cadre de la dernière Masse critique .


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