Son humeur changeante était de plus en plus difficile à suivre. Nous avions l'impression d'être deux pantins entre ses mains, cherchant constamment le bon geste à poser ou le bon mot à dire pour la rendre heureuse et nous épargner sa cruauté. C'était une mission impossible, mais nous étions trop jeunes pour le savoir...
Après beaucoup de recherches et de persévérance, nous avons retrouvé notlre mère biologique. La rencontre, le 30 janvier 1993, a été simple, chaleureuse et touchante. Nous avions le même âge qu'elle avait au moment de nous donner la vie.
Notre passé fait partie de nous et il a aiguisé notre volonté de vivre, notre force d'adaptation. Notre passé nous permet aujourd'hui de connaître la valeur de l'amour, de la tendresse et de l'affection. Notre enfance volée nous a contraintes à développer une grande résilience..
Notre peur fait le bonheur des autres.
Après une journée passée chez madame Pelletier, j'ai demandé à ne plus jamais partir. J'avais l'impression de vivre pour la première fois. Enfin, J'étais libérée de mon enfer !
Un simple rire d'enfant était pour elle un affront à son autorité.
Simone nous obligeait à fermer les yeux quand des membres de la famille passaient près de nous. En guise de punition, Adrianne et elle nous criaient après,, nous pinçaient, nous piquaient avec des aiguilles à coudre ou à tricoter. Et si, elle n'en avaient pas, elles nous frappaient avec ce qu'elle avaient sous la main.
Il est noter qu'une famille d'accueil reçoit une allocation tant et aussi longtemps que l'adoption n'est pas officialisée.
Elles ont été négligées par ces adultes qui avaient comme seule responsabilité, en tant que foyer d'adoption, de les considérer et de les traiter comme des êtres humains.