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Critique de Folfaerie


Si je n'étais pas déjà végétarienne depuis une vingtaine d'années, ce livre aurait précipité mon changement de vie... Malgré ce terrible constat - oui nous assassinons nos océans - l'ouvrage n'est pas dénué d'humour. Un point important car une fois que l'on se plonge dans ce livre, difficile de rester de bonne humeur.

J'ai cessé de manger de la viande presque sans transition mais j'ai arrêté de consommer du poisson, progressivement, au fil des années. Je faisais mes courses avec la liste de Greenpeace dans mon sac à main (comme l'auteur en fait) mais au au bout du compte, j'ai fini par renoncer complètement.

Pour les mêmes raisons que Grescoe énonce dans son livre fort bien documenté. Ce gastronome a fait le tour du monde pendant un an pour constater de ses propres yeux l'ampleur du désastre écologique de la surpêche. Il est allé dans tous les lieux importants, dans les criées, les restaurants, les usines de conditionnement, sur les bateaux de pêche. Il a visité des fermes à crevettes en Asie, des élevages de saumon au Canada, goûté la bouillabaisse marseillaise, de la baleine au Japon, des huitres en Bretagne, des sardines grillées au Portugal et j'en passe.

Partout il a posé des questions, et relevé les innombrables infractions à la loi.



En tant que citoyenne concernée par l'état de la planète, je connaissais déjà quelques scandales comme l'effondrement de la morue en Terre-Neuve, la quasi extinction du thon rouge, la déforestation des mangroves pour construire des élevages de crevettes très polluées et la fameuse campagne contre les filets dérivants responsables de la mort des dauphins... Je n'avais en revanche jamais mesuré l'ampleur des dégâts, ni compris à quel point la pêche était mondialisée.

Avec Taras Grescoe, tout devient clair, tout s'explique : du simple braconnier qui pêche une espèce protégée en passant par les bateaux-usines chinois et les fermes d'élevage, tout est lié. Car attention, malgré les immenses ressources des océans, n'allez pas croire que tout le monde en profite. Non. Les populations côtières, les pauvres, subissent la hausse des prix, la raréfaction des poissons, la pollution pour qu'une poignée de multinationales (soutenues par les politiciens grâce au jeu du lobbying, et à une corruption certaine) génèrent un maximum de profits et que les pays riches puissent continuer à s'empiffrer. Et que dire du gâchis, ce qu'on appelle les prises accessoires ? Pour un poisson "précieux" pêché, c'est tout plein d'autres cadavres rejetés dans l'eau...

Je ne vous parlerai pas des différents modes de pêche tous plus assassins les uns que les autres (à la dynamite, au cyanure, et on racle les fonds, et on pêche avec des hélicos et des sonards...) pour simplement insister sur le fait que non seulement nous vidons la mer de ses poissons mais nous empoisonnons les écosystèmes, nous détruisons des milieux marins. D'ailleurs, l'auteur nous prévient, dans un temps très proche, on servira partout des sandwiches à la méduse, seule bestiole que l'on pourra manger...



Pour ma part, manger un poisson qui risque de disparaître bientôt, non merci, surtout qu'il est contaminé par divers produits chimiques neuf fois sur dix. C'est tout simplement ahurissant le nombre de substances que l'on fait ingurgiter aux poissons. Accidentellement, par le biais des pollutions marines ou volontairement, pour les poissons ou crustacés d'élevage (antibiotiques, vitamines, colorants, etc.).



Expliqué comme ça, ça peut paraître démoralisant, je sais. Tout le monde préfère faire l'autruche et ignorer les problèmes. Pourtant, la solution est à portée de main, elle est toute simple. Choisir l'une des espèces préconisée par l'auteur à la fin de son ouvrage, bien se renseigner auprès de son poissonnier, diminuer sa consommation. Ainsi, nous aurons peut-être la chance, comme ce journaliste, de déguster à la terrasse d'un restaurant de bord de mer, une belle sardine grillée arrosée d'un filet de jus de citron, fraîchement pêchée, en ayant la conscience tranquille...


Lien : http://lectures-au-coin-du-f..
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