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Critique de pat823


2003. Hélène Grimaud nous livre avec ses « Variations sauvages » un récit autobiographique étonnant. La pianiste est assurément aussi captivante qu'un personnage de roman. Elle nous invite à suivre, de sa belle plume, son parcours prodigieux.
Cette « enfant contraire et indomptable » découvre la musique à l'âge de sept ans.
À onze ans, le grand Pierre Barbizet, pianiste et pédagogue, la prend sous son aile au conservatoire de Marseille. « D'emblée, j'ai été happée par la merveilleuse sympathie qui existait entre Pierre Barbizet et la musique, très vite, j'ai eu faim de ses cours. Il m'a mise en appétit de musique et même de dévotion. »
La jeune surdouée est reçue à treize ans première à l'unanimité au Conservatoire de Paris. « J'ai su à cet instant quel cadeau ils (mes parents) me faisaient...en laissant mes jeunes ailes se déployer et tout mon être s'envoler vers cette terra incognita que l'on appelle le destin – pour moi, la musique. »
Au fil des pages, Hélène Grimaud l'insoumise nous narre son atypique trajectoire, tel un hymne à la liberté. La gauchère rebelle est sans concession. Jeune adulte, elle ne veut pas interpréter n'importe quelles oeuvres. Elle aime Rachmaninov, Schuman, Chopin, Brahms. Et elle ne veut alors pas s'entraîner, comme certains virtuoses, huit heures par jour. Elle s'exerce beaucoup mentalement. Elle a développé une faculté étonnante, la synesthésie. Cette « étrangeté » neurologique se produit quand une information destinée à stimuler l'un des sens en sollicite un autre. Hélène Grimaud peut ainsi associer mentalement les sons et les couleurs. Elle entend et voit la musique. Pour elle, un do mineur est noir, un ré mineur bleu, un mi bémol majeur « très brillant, semblable à la lumière du soleil. »
Elle raconte qu'il lui « arrivait, sans approcher l'instrument, de ressentir en imagination quel toucher, quel poids il fallait imprimer au clavier pour qu'il sonne juste. »
En 1991, la native d'Aix-en-Provence a 21 ans et s'installe à Tallahassee en Floride. Elle croise le chemin de Dennis, vétéran du Vietnam qui élève une louve, Alawa. Elle en hérite à la mort du vieil homme. La pianiste tombe littéralement en amour pour les loups. Elle décide alors de créer un parc consacré à leur protection et leur réhabilitation. Pour ce faire, elle étudie l'éthologie à l'université. Ce diplôme est indispensable pour ouvrir un tel centre.
Elle s'installe dans le comté de Westchester, au nord de New York.
J'ai trouvé ce livre merveilleux. Hélène Grimaud la prodige a une grande culture, et son écriture est sensible, lumineuse et belle.
La construction du récit se révèle pleine d'originalité où les souvenirs personnels côtoient chaque fois d'étonnantes histoires de loups, posées comme des modulations, des respirations. Un schéma d'écriture qui se dissipe avec la croissance de l'enfant qu'elle est, la place que prend la musique et celle que prend les loups dans sa vie.
« Variations sauvages » nous fait découvrir une pianiste libre, enflammée, intelligente, pleine de grâce et d'humanité.
En prolongement du livre :
2014 Entre-temps, Hélène Grimaud, qui ne fait jamais les choses à moitié, a quitté la région de New York, s'éloignant de ce qui avait été au coeur de sa vie pendant dix ans, pour s'installer dans les montagnes suisses. Aujourd'hui, dit-elle, « il y a surtout un travail de synthèse et de réflexion, d'approfondissement. »
Elle souhaitait se recentrer sur la musique.
« On oublie trop souvent à quel point il est facile de perdre le fil de sa vie. »
Elle dira que « même si je n'ai plus le plaisir du travail au jour le jour avec les animaux et avec l'équipe, j'ai la satisfaction émotionnelle et intellectuelle de savoir que le projet continue. »



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