AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Eve-Yeshe


L'auteur raconte comment un achat, plus ou moins sous le coup d'une impulsion, car Paul arpentait les rues d'un quartier qu'il ne connaissait pas, lors d'un stage de formation, lorsque la petite robe blanche l'attire de façon irrésistible. Il va la regarder durant plusieurs jours, mais cela devient obsédant et il va céder à cette pulsion : c'est une évidence de même que la taille qu'il demande : six ans.

Cet acte le rend tellement perplexe qu'il cache la robe dans son côté de la penderie sans la montrer à sa femme qui bien sûr va tomber dessus et imaginer le pire : une double vie, un autre enfant, une autre femme… et tout le cortège de pensées obsédantes lié au doute qui s'insinue. « … le tourbillon des pensées obsédantes refusait de se laisser chasser ». P 47

Cette petite robe va entraîner des réactions en chaîne, un effet domino et des blessures secrètes, inconnues de l'autre vont faire brusquement irruption dans le présent, libérant des secrets chez les deux et des émotions enfouies. Comme si c'était un geste téléguidé par l'inconscient pour mettre à jour tout un héritage de souffrance familiale.

Ce roman m'a beaucoup dérangée et pourtant j'aime les secrets de famille, car la description des souffrances liées à la stérilité, aux stimulations ovariennes et autres inséminations, les fausses couches et leur impact sur la vie affective et sexuelle du couple ont réveillé des vieux démons : quel est le statut de la femme stérile ? en a-t-elle un d'ailleurs ? et le corollaire : le travail de deuil de l'enfant espéré, fantasmé.

Grimbert décrit très bien, avec beaucoup de sensibilité ce parcours et ses conséquences : silence, dépression qu'on cache, les médicaments pris en cachette pour l'une, tandis que l'autre semble se faire une raison si facilement (trop).

Par contre, j'ai ressenti un malaise grandissant, probablement un écho avec ma propre histoire, et presque de la répulsion par moment, devant l'attitude d'Irène, sa violence envers elle-même, et sa personnalité un peu limite.

Bien-sûr, rien n'est laissé au hasard: la couleur blanche, la taille, les obsessions, les nombreux rêves…

Ouvrir le placard de l'autre, c'est comme lire son journal intime, c'est une effraction, on ouvre la boîte de Pandore….

Le style de l'auteur est toujours aussi percutant, mais on sent une distance, un peu comme s'il décrivait un cas clinique. Je n'ai pas retrouvé la magie du « secret », même si on peut faire un parallèle entre la petite robe et l'ours comme témoins du passé qui tente de ressurgir.
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
Commenter  J’apprécie          404



Ont apprécié cette critique (37)voir plus




{* *}