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Critique de Nastasia-B


Chacun sait que l'Hansel & Gretel des frères Grimm est une réécriture du Petit Poucet de Perrault (on trouve aussi des traductions plus francisées sous forme de Jeannot et Margot). Comme toujours, ce qui est intéressant, c'est de placer les deux textes côte à côte comme une synopse pour en mieux mesurer les ressemblances et les dissemblances.
Aussi grandes et fréquentes que puissent être les ressemblances, ce sont toujours les dissemblances qui sont porteuses de sens et qui nous aident à réfléchir au projet de l'auteur de ces aménagements.
Même si j'ai déjà avoué que j'aimais mieux l'original que la copie, il faut malgré tout reconnaître que ce remake est un bon remake et que les modifications sont très intéressantes voire intrigantes.
Petit rappel de l'architecture du conte chez Perrault : 7 frères, l'un d'eux a un statut très différent des autres qui sont trois paires de jumeaux ; grande pauvreté, le père décide de perdre les enfants, la mère est contre, longues discussions entendues par le Petit Poucet ; finalement premier raid en forêt pour perdre les enfants, astuce du petit, retour à la case départ ; seconde tentative plus aboutie, le Petit Poucet mène l'expédition en forêt pour trouver un abri, repérage de la maison de l'ogre ; l'ogresse est bienveillante mais l'ogre impitoyable ; nouvelle astuce du Petit Poucet pour duper l'ogre vis-à-vis de ses propres filles ; fuite, épisode des bottes de sept lieues, captage du magot de l'ogre ; retour dans le foyer familial, tout va pour le mieux.
Passage au test de la synopse, voici ce que cela donne chez les frères Grimm : première modification, non plus sept enfants mais seulement deux et respect de la parité garçon/fille ce qui crée une structure plus équilibrée et plus proche du modèle familial rural allemand de l'époque ; première moitié du conte sinon très similaire à la différence toutefois qu'ici c'est la mère qui veut se débarrasser de ses enfants, le père est contre et accepte du bout des dents. La seconde modification, l'importante et grande trouvaille des frères Grimm, c'est le coup de la maison mangeable, ça, faut bien l'admettre, c'est un coup de maître et cela renouvelle vraiment le conte car ici, il y a un appât à enfants, et des plus insolites alors que chez Perrault, c'était le hasard et la mauvaise fortune qui avait conduit les enfants chez l'ogre. Autre modification, ce n'est plus un ogre ignoble, mais une ogresse sorcière.
Nouvelle modification de taille, la sortie du bourbier se fait conjointement sous l'impulsion tant de Hansel que de Gretel (mais surtout de Gretel) et s'opère sur une longue période à la différence de la fugitive visite du Poucet chez l'ogre.
Enfin, dernière et notable modification, au retour des enfants chargés de trésors chez leurs parents, la mère est trépassée.
Pour conclure, l'élément négatif chez Perrault (le père, l'ogre) s'est entièrement féminisé chez les Grimm (la mère, la sorcière) par contre l'héroïsme est partagé entre la soeur et le frère, aucun des deux n'a le monopole de la duperie du monstre.
Ceci dit, ces deux contes très semblables et apparentés ont pourtant des morales bien différentes, chez Perrault, c'était qu'il ne fallait négliger personne, à peu de choses près c'était la fable de la Fontaine « On a toujours besoin d'un plus petit que soi. » tandis que chez Jacob et Wilhelm Grimm, ce serait plutôt « au sein de la famille, il faut se serrer les coudes, coûte que coûte, même si les conditions sont rudes, car le salut viendra de la famille. »
Donc, contrairement à d'autres remakes de Perrault opérés par les frangins Grimm, je trouve cette adaptation plutôt originale et réussie, quoique ma préférence aille malgré tout au Petit Poucet dont il est issu, mais, comme toujours, tout ceci est éminemment subjectif, n'engage que moi et n'est donc que mon avis, c'est-à-dire, bien peu de chose.

N. B. : Il existe pléthore de versions et d'illustrations différentes de ce conte et toutes ne se valent pas mais le regroupement bibliographique a un peu tassé tout ça.
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