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Critique de Zebra


Zebra
22 septembre 2012
Avec ce livre, Ellen, l'enfant des eaux, nous entraîne avec elle au coeur de la misère quotidienne de sa famille : nous sommes en 1940, en pleine Caroline du Nord, le travail est rare, Blancs et Noirs crèvent de faim. le père d'Ellen est alcoolique et au chômage, la mère d'Ellen accouche régulièrement d'un enfant supplémentaire (elle aura au final onze bouches à nourrir), les frères comme les soeurs survivent bien plus qu'ils ne vivent.

A soixante ans passées, Ellen se souvient de son enfance meurtrie, de la violence de son père et de son oncle, des coups et des marques laissées dans son corps comme dans son âme, du regard lubrique de son père sur sa grande soeur Nora, des humiliations, des rares voisins, des enterrements de certains de ses frères et soeurs, des déménagements effectués dans la précipitation, du manque permanent d'argent, de la guerre contre les Jap' dont il était sans arrêt question à la radio, de ses propres rêves et de ses espoirs le plus souvent déçus,

A soixante ans passées, Ellen, se souvenant des explications fournies par son frère Otis, accepte enfin la raison du cauchemar qu'elle faisait et refait sans cesse. En fait, son père ne désirait pas qu'Ellen vive ; il battait donc sa femme comme plâtre alors qu'elle était enceinte d'Ellen ; quand elle lui disait qu'elle avait mal au coeur, il la battait encore plus, la forçant à travailler, lui volant l'argent qu'elle gagnait pour le dépenser en allant acheter de la gnôle qu'il buvait jusqu'à en être ivre mort. Ellen a donc été détestée par sa mère, au point que celle-ci tente de la noyer en la portant et en la plongeant, toute bébé, dans les eaux glacées de l'étang qui jouxtait la cabane où "logeait" toute la famille. Si Nora n'avait pas été là, Ellen aurait été noyée !

Cette plongée au coeur du désespoir n'est toutefois pas inscrite sous le signe de la rancune. Et il n'y a pas d'esprit de revanche chez Ellen. Par-delà toute cette noirceur et cette violence, il y a de la poésie et de la tendresse. Parvenue à l'âge adulte et devenue mère, Ellen ne déprime pas : au contraire, c'est pleine de vie qu'elle s'attache à être une mère complètement différente pour ses propres enfants. Cette volonté n'efface pour autant pas l'amour qu'elle continue à porter jusqu'au bout pour sa propre mère, dans un mélange de tendresse et de nostalgie.

Bref, un roman social bouleversant, un peu féminin, de facture très homogène, au style simple mais parfois cru, tout en images et en odeurs (notamment celle du chèvrefeuille), mélangeant habilement souvenirs et faits réels, cauchemars et rêveries poétiques. A découvrir !
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