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Critique de Dixie39


Est-ce parce que ses parents sont morts de faim en le laissant seul au monde ou parce qu'il a été obligé de se nourrir de scarabées vivants, juteux et croquants, que Jean-Marie d'Aumout est autant fasciné et obsédé par le goût de tout ce qui peut se mettre sous la dent ? Je pencherai plutôt pour la seconde hypothèse. Après avoir goûté à cela, il s'est mis en tête de goûter à tout ! Et quand je dis tout ! C'est tout ! Une longue découverte qui va le mener à l'écriture d'un livre de recettes et d'avis divers sur tous ces aliments d'un nouveau genre. Au XVIIIe siècle, sa passion étonne, surprend, révolte ou écoeure. Ou tout cela à la fois…

Jean-Marie d'Aumout est noble. C'est sans doute ce qui lui permet de continuer ses expériences, ballotté par le cours de l'Histoire, les guerres de pouvoir, les bouleversements sociaux et politiques faisant naître la révolution qui sonnera le glas de la noblesse et de ses pouvoirs.

J'ai un avis assez partagé sur ce livre. Il y a des passages un peu glauques – je lui laisse volontiers l'intégralité de ses découvertes culinaires : j'avoue qu'aucune de ses recettes n'a eu grâce à mes yeux ; je ne les ai rapidement, tout simplement pas lues. Par contre, j'ai aimé suivre l'enfance de Jean-Marie et son ascension dans le Monde, les prémisses de la Révolution qu'on devine, la contestation des gueux et le mépris des biens-nés devant la révolte qui gronde. Certains sauront tirer leurs épingles du jeu, d'autres mourront avec l'ancien temps. Quant à Jean-Marie, il regarde tout cela d'un oeil indifférent, fort lucide sur les véritables enjeux de cette rébellion en gestation.

"Les intrigues de cour ont cessé depuis longtemps de m'intéresser. Je les laisse à Jérôme et Charles. Quant aux revendications d'Émile autrefois, elles m'ennuient. Les amis d'Émile ne veulent pas ouvrir la cage et remettre les animaux en liberté, ils veulent seulement changer le propriétaire du zoo."

Je n'irais donc pas jusqu'à parler de « chef-d'oeuvre », mais plutôt d'un auteur qui a su surfer sur la vague du Parfum, avec quelques touches sulfureuses et un peu trash, pour nous offrir un livre aussi plaisant que dérangeant, dont je retiendrais surtout les passages sur la société de cette époque et les premiers pas d'une révolution en marche.

"Je sens le poids de l'histoire inéluctable, telle une déferlante qui emporte tout sur son passage. À présent, au terme de mon existence, je comprends enfin ce que je n'ai pas su comprendre avant. L'histoire est en marche. Rien ne pourra l'arrêter. Ce monde à l'agonie est à la fois beau et cruel. Si ma mort est une partie du prix à payer, ainsi soit-il".

Qui peut résister à l'Histoire ?
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