25.01.13
Causse.
grand beau. ciel pur.
levé très très tard, j’en avais besoin. pas trop froid au matin, mais je m’en sors un peu mieux avec ce poêle, difficile, qui tient trop peu, et celui d’appoint à essence. j’améliore l’isolation.
je me rends compte au fur et à mesure combien cette cabane est abîmée mais aussi pensée, par celle qui me la prête, très différemment de la façon dont j’aurais pu la concevoir, davantage en écoute sans doute avec son environnement. mais c’est un art subtil, savant, assez jouissif aussi en vérité de reconstruire en partie, d’améliorer, en glanant et en remontant quelque chose qui était en train de se ruiner. me reposer donc un peu aujourd’hui, profiter aussi du grand beau pour collecter, abriter, casser, rentrer du bois… il en faut encore en fait beaucoup pour tenir le mois, et surtout trouver du bois potable. du tout petit, et quelques belles bûches de chêne, ou pin, du sec. il y en a trop qui avait été laissé à pourrir. la chaleur, le sec, la nourriture… sont les priorités donc. j’éprouve une assez grande satisfaction à revenir à la gestion de ces choses premières. point de boutons ici. les rapports ont déjà changé depuis plusieurs jours : rapports au froid, à la propreté, à la lumière.
le bureau le soir, à peine éclairé, mais tellement suffisant.
Je ne sais pas comment je verrai cette période, ce qu'il en restera plus tard, avec ce que le souvenir travaille, remodèle des faits, dans le présent, c'est une succession de petits moments rudes et de grandes gaietés, toutes simples, depuis quelques jours, ce sont même les bons moments qui dominent, par une joie.
rien de neutre en tout cas, sauf ce calme de fond, lui il est là, il n'est pas bavard, il n'est ni bon ni mauvais, liseré d'un peu d'humour, il est et pas grand chose d'autre à en dire.
2 degrés au réveil à l'intérieur, il a gelé blanc violemment mais il y a un grand, large soleil, c'est le premier matin où j'entends les oiseaux chanter dans les buis autour de la yourte, si ce n'était le sol gelé, ça pourrait presque être une journée de printemps, je suis réveillé par quelques fuites de condensation et par l'envie d'écrire
évidemment le fantasme de solitude heureuse et de silence créatif est une illusion, on s'y emmerde même parfois, on le sait, on y croit quand même et à chaque fois on repart.
dire, dire tout, sourire a essayer de dire tout, ne rien oublier, rendre compte pleinement, alors même que c'est impossible. et si nécessaire se faire greffier même de cette impossibilité là. ne pas arriver à la boucler...
ne pas parvenir à se taire, c'est peut-être ça écrire.
il y a donc dans l'écriture comme une prescience, un dépôt de l'inconscient, et des désirs qui alluvionent en elle.
j'ai l'impression d'écrire de plus en plus mal, peu précis, peut orné, des faits, banals, et non plus une réflexion de fond. c'est que, sans doute, je m'habitue à ici peu à peu. que les choses découvertes sont moins nouvelles. même le silence n’est plus étonnant.
en fait, plus ça va, moins je sais le pourquoi de ma venue ici, cela se dissout, et ce n'est pas forcément une mauvaise chose. je suis ici, point.
probablement l'un des enjeux de « tenir » dans ces conditions, et pour tous ceux qui vivent seuls, ici comme ailleurs, c'est de parvenir à encaisser ce fond de rythme, cette temporalité de peu d'événements, de peu de rencontres, de peu de nourriture extérieure, de peu de confrontation avec du nouveau, du nouveau humain, et qui s'étire.