AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de gabb


Sur la couverture, l'homme est assis.
Il nous tourne le dos, il regarde au loin.
Loin derrière.
Sans doute l'homme fait-il le point sur sa vie.

Comme il est bon parfois de prendre une pause et de dresser l'inventaire du passé ! le narrateur mis en scène par Jens Christian Grondahl l'a bien compris, lui qui revient pour nous sur quelques faits marquants de son existence.
Plan d'un drame en trois actes : d'abord la bouillonnante adolescence entre Copenhague et Berlin, puis "l'âge de raison" et la vie de famille plus ou moins heureuse, et enfin l'heure des comptes à l'approche de la soixantaine. Que c'est riche une vie d'homme ! Des hauts, des bas, des rêves et des doutes, des idéaux politiques et des espoirs déçus, et puis bien sûr des femmes, des passions qui s'enchaînent, s'opposent et parfois se mélangent...

Tout sonne juste dans ce portrait plein d'authenticité et de nostalgie que j'ai dévoré d'une traite, porté par le ton lucide et un brin désabusé d'un personnage qui m'a tout de suite été sympathique. le "héros" de Grondahl est en effet un homme entier, humble et cultivé, grand amateur d'art et passionné par son métier d'enseignant. Il a connu l'amour, la grâce des joies partagées, mais aussi la solitude, les échecs et le désenchantement : en bref il a vécu.
Fort de toutes ses expériences et de ses erreurs d'antan, après les folles années de jeunesse puis les désillusions de celui qui comprend que chaque jour passé l'éloigne un peu de plus de ce qu'il fut, c'est un sexagénaire résigné mais serein, au clair avec lui-même et (presque) libéré de ses démons qui finalement se présente à nous. En lui je me suis par moment reconnu.
Quelle étrange sensation, n'est-ce pas, que celle de se sentir un peu cousin d'un personnage de fiction, de voir en lui quelques reflets de soi...

Au cours du demi siècle traversé, les rencontres furent nombreuses et différentes femmes ont éclairé sa vie. Chacune a contribué à façonner celui qu'il est devenu, le prof un peu taciturne qui nous délivre là avec pudeur et simplicité de belles analyses physchologiques et de jolies réflexions sur son rapport au réel, au couple, à l'identité... C'est parfois un peu flou, jamais très amusant mais toujours profond et riche de sens.
La fin du roman est particulièrement réussie : à elle seule elle mérite que l'on s'attarde sur cette introspection sincère et délicate.

Vous l'aurez compris : Jens Christian Grondahl - que je ne connaissais pas - m'a donc fait forte impression, et je suis heureux d'apprendre qu'il me reste 12 autres titres à découvrir, comme autant de portes (de fer) à pousser. J'espère y retrouver la même écriture, la même façon de peindre le temps qui passe, la même faculté à restituer ce curieux sentiment qu'on nomme mélancolie, ce "doux petit bonheur d'être triste" (Hugo).
Commenter  J’apprécie          176



Ont apprécié cette critique (16)voir plus




{* *}