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Critique de melusine1701


la bande-dessinée suit fidèlement le roman De Wilde. Découvrant sa propre beauté sur le portrait que Basil Hallward a fait de lui, Dorian Gray fait le voeu que le portrait vieillisse et porte les stigmates de son péché pendant qu'il gardera son apparence jeune, belle et pure. Mais cette bande-dessinée est un objet-livre complet. L'intérieur de la couverture décline le thème du miroir déformant, en reproduisant sur une double page inversée la préface d'Oscar Wilde qui se termine ainsi: “Tout art est parfaitement inutile”. Dorian Gray, blond, enfantin, est exactement comme Wilde le décrit. J'ai tout particulièrement aimé les manières dont est affublé lord Henry, dandy jusqu'au bout des ongles. Mais le tour de force que réalise cette bande-dessinée, c'est de mettre en image ce portrait: jamais Wilde ne le décrit. Il a donc fallu donner corps à cette mystérieuse image et surtout trouver un moyen de représenter cette “impression de cruauté” et de vice qui apparaît sans que le portrait ne change et sans qu'e l'on sache exactement en quoi elle consiste. de même, Wilde reste très allusif sur la vie de débauche à laquelle se livre Dorian Gray. C'est là que la bande-dessinée a pu prendre toute son ampleur: si le roman est support favorable aux digressions artistiques et philosophique, le roman graphique les laisse dans la suggestion pour se concentrer sur l'image et sur l'action. Ainsi, le scénariste imagine en détail toutes les rencontres sulfureuses et tous les vices de Dorian Gray, les raconte sur une double page qui se conclut, inévitablement, par une case consacrée au portrait un peu plus décrépi qu'à la page précédente. Dans ce flou laissé par Wilde, il développe une succession de petites narrations, tout en respectant l'esprit décadent et raffiné De Wilde, mais en faisant appel à toutes sorte d'influences parallèles: on retrouvera donc Baudelaire, Millais et son Ophélie, les préraphaélites, Huysmans, Laclos… L'on découvre ainsi Dorian Gray dans les fumeries d'opium, se glissant dans le lit de femmes vertueuses, organisant des cérémonies macabres ou poussant de jeunes hommes au suicide. Grâce à la mise en image, la bande-dessinée souligne le raffinement du héros et va toujours plus loin dans l'horreur, qu'elle montre au lieu de suggérer. Omniprésent aussi, ce thème du miroir: c'est sur le narcissisme de Dorian Gray que notre scénariste a mis l'accent: cherchez bien, dans beaucoup de case un reflet révèle un angle de vue nouveau.

Superbe bande-dessinée. Un véritable chef d'oeuvre.
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