Ça y est. J’entends maintenant les premières pensées de mon auteur ; elles font comme une voix intérieure qui souffle son inspiration à la limite de ma conscience.
Mes doigts, habitués à les recevoir, s’activent tout seuls sur le clavier à la recherche des premières phrases, des premiers mots…
Elle se mit à pleurer, vidée de désespoir, sans savoir que, dans la nuit, s’était créé en elle le germe de la plus belle promesse.
Il décida qu’Heloïse était en fait dans l’attente de la réponse idéale, celle qu’elle aurait aimé entendre de la part d’un homme ; elle n’avait jamais dû en rencontrer, et pour cause : la ré- plique à sortir, qu’elle seule avait en tête, n’existait que dans les films romantiques des années cinquante, placée au bon moment dans une scène finale entre une héroïne larmoyante dépassée par une mélodie symphonique pour violons et autres cordes, et un héros américain, invariablement grand et beau, dont la silhouette serait miraculeusement auréolée par des éclairages de studio finement placés ayant traversé au préalable une brume épaisse de neige carbonique, le tout pris en contre-plongée par une caméra au zoom extravagant.
Elles sont venues comme une section d’élite, mais dans ce lieu règne une guerre totale, impitoyable, à côté de laquelle le film Rambo n’est qu’ un documentaire sociologique bon-enfant de seconde zone tout juste bon à passer sur une chaine de télé locale entre deux infos plus sérieuses !