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Critique de motspourmots


Arrive parfois ce grand moment de solitude du lecteur face à un texte qu'il est censé aimer, par lequel il est censé être ému. Un texte qui ne récolte que des louanges, des montagnes d'étoiles. Un texte dont le thème - la Shoah et sa mémoire - est pourtant un de ceux qui le fascinent, l'intéressent au plus haut point, le percutent à tous les coups. Arrive donc parfois ce grand moment de solitude pendant lequel le lecteur, perplexe se demande pourquoi ce texte ne provoque pas la réaction escomptée, bien au contraire.

Jean-Claude Grumberg a choisi la forme du conte pour raconter une histoire qui aurait pu être vraie, qui est peut-être vraie mais qu'il propose ainsi de considérer comme pure invention. Une histoire que l'on raconte à ses enfants afin qu'ils en tirent la substantifique morale censée prévenir la survenance de faits identiques dans la vraie vie. L'histoire d'un bébé, jeté par son père de l'un des convois qui rejoignaient un camp d'extermination pendant la seconde guerre mondiale, et recueilli par une "pauvre bucheronne" ignorante (de la destination du train et de la nature de ses marchandises) dans la forêt malgré l'hostilité marquée des autorités pour les "sans âmes". Ce bébé, "offert par le train" devient pour le couple de bûcherons "la plus précieuse des marchandises".

Honnêtement, je ne vais pas ici critiquer ce livre ou même le parti-pris de Grumberg dont j'admire nombre d'écrits. Non, j'essaye juste de comprendre ce qui m'a gênée dans ce texte et m'a mise mal à l'aise. Qui réside exclusivement dans la forme choisie, très courte, lapidaire, à mille lieux des nombreuses recherches, des écrits foisonnants nécessaires aux historiens, aux intellectuels et aux écrivains pour rassembler les faits et donner à voir de façon exhaustive la mécanique implacable, de l'idéologie à la mise en oeuvre, en passant par la complaisance. A mille lieux également de l'incarnation portée par la forme romanesque dans la mise en scène des victimes et de leurs bourreaux. Ils sont nombreux les romanciers à éclairer cette période en explorant les tréfonds de l'âme humaine, en questionnant toujours plus avant (parce que contrairement à ce que j'entends parfois, ce ne sera jamais assez) pour tenter de comprendre et peut-être d'éviter, une autre fois... Alors dans tout ça, qu'est-ce qu'un conte ? A quoi sert-il ? Je n'ai tout simplement pas compris.

Alors je lis les chroniques des autres, je me dis que je fais peut-être partie de ceux qui ont déjà énormément lu sur le sujet, alors ce petit texte ne m'apprend rien, ne suscite rien que d'autres lectures n'aient déjà largement provoqué. Et puis je me dis que tant mieux, si d'autres y puisent quelque chose d'utile, parce que parler d'amour, d'humanité, ma foi, ça ne peut pas faire de mal.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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