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Critique de LabiblideVal


Jean Claude Grumberg utilise la forme du conte pour enfants, « le Petit Poucet » au départ de l'histoire pour évoquer un sujet qui n'a rien de naïf, la Déportation.
Deux personnages ; un pauvre bûcheron et sa femme, la pauvre bûcheronne, survivent tant bien que mal au milieu d'une forêt jouxtant une voie ferrée. Pendant que monsieur travaille pour apporter une bien maigre pitance au foyer, madame ramasse du bois pour en faire des fagots à revendre quelques sous ou à échanger contre des denrées comestibles.
La femme est des plus naïves. Chaque jour, un convoi passe, et celle-ci accoure vers lui, espérant un signe de la main, un petit mot même si elle ne sait pas lire, ou encore mieux, un cadeau peut être ? Où donc vont ces gens par milliers ? Elle n'en a aucune idée. Et un beau matin, son voeu le plus cher se réalise, une main passant par la lucarne d'un wagon va jeter au sol le cadeau que la pauvre bucheronne n'osait plus espérer de la vie : un bébé. Une petite fille. le père de celle-ci a espéré sauver son frère jumeau ; leur mère n'arrivant plus à les nourrir tous deux…
Comment faire quand la nourriture manque et quand ceux qui sont appelés « sans coeurs » sont chassés puis éliminés ? Nos pauvres bûcherons sont bien contrariés…

L'auteur brode une histoire onirique basée sur de bien tristes réalités historiques. Il maîtrise le sujet : son père et son grand père ne sont pas revenus des camps où ces wagons les ont amenés. L'arrivée dans le camp d'extermination est racontée avec ironie : « Après réception de la marchandise, il fut aussitôt procédé à son tri. Les experts trieurs, tous médecins diplômés, après examen, ne conservèrent que dix pour cent de la livraison. Une centaine de têtes sur mille. le reste, le rebut, vieillards, hommes, femmes, enfants, infirmes, s'évapora après traitement en fin d'après-midi dans la profondeur infinie du ciel inhospitalier de Pologne. »

Ce ton railleur est utilisé dans tout le récit, alternant avec des passages où la naïveté paraît régner. Parfois, cet aspect enfantin de l'écriture m'a un peu agacée, j'avoue. Mais c'est un petit livre qu'il faut lire et faire lire ; à ce sujet, aucun doute.
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