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Critique de tolitolu


La villa des hommes m'a bien plu. J'ai tout de suite été happé par les discussions et les questionnements délirants (dans le sens, qui partent dans tous les sens) de nos deux héros. On est évidement tout de suite attendri par Her Singerr, ce professeur dépassé par les mathématiques qu'il a créé. Puis vient le personnage de Matthias qui met un peu plus de temps à se faire apprécier (par le professeur et par le lecteur), mais qui est tout de même intéressant pour son expérience traumatique de la première guerre mondiale.
Un aspect vraiment passionnant est la différence entre Singerr et Matthias. Différence d'âge, différence d'origine, différence de métier (mathématicien/cheminot), différence de situation familiale, différence d'expérience (Singerr dispose d'une certaine sagesse que le temps n'a pas encore offerte à Matthias), différence de point de vue... Mais étrangement, c'est différences ne font que souligner les ressemblances entre les deux protagonistes. Ils leur arrivent d'être en osmose sans se parler, de se comprendre sans échange. C'est ce qui fait la richesse de leur association.
Denis Guedj a bien travaillé sur les passages mathématiques. Il arrive à les rendre digeste sans nuire à l'exactitude du propos, et à garder une certaine poésie caractéristique de Singerr (je pense notamment à la scène où un de ses amis lui conseille de rendre ses traités sur ses mathématiques plus conventionnels, moins "philosophiques", ce qu'il répugne à faire). Étant moi même passionné par les mathématiques, ces quelques moments de théorie m'ont bien plu. La vie de Singerr, inspirée du mathématicien Cantor, est assez fidèle et respectueuse de la réalité.
L'auteur a un style littéraire (malgré le thème du livre) bien à lui, très poétique et que j'apprécie énormément. Nous nous identifions très facilement aux personnages, surtout quand ils racontent les moments marquants de leur vie. J'ai ainsi apprécié la Mère et le Père de Matthias, ses participations aux débats socialistes et ses convictions profondes dont il regrette éperdument la perte.
Paradoxalement, Her Singerr est assez malicieux. Outre ses berlingots dont il n'a de cesse de vanter les mérites, il organise une petite escapade le temps d'une après midi, une sorte d'école buissonnière, à l'extérieur de l'hôpital psychiatrique, dans la ville voisine. Cela surprend mais ne ternit pas pourtant le portait du mathématicien que l'on se fait au fil du récit.
Enfin, le renversement de situation à propos des motivations de l'homme qui a interpellé Matthias alors qu'il allait se suicider est bien trouvé. Même s'ils sont dans des camps opposés, l'un sauve l'autre. Cette fraternité ridiculise la première guerre mondiale en tant qu'il n'y a aucune animosité entre français et allemands.
Je suis donc ravi de cette petite pépite et j'ai hâte de lire d'autres livres de Denis Guedj.
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