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Critique de Milllie


Pour écrire ce livre, Pauline Guéna a passé un an à la Police Judiciaire, suivant les enquêtes et le quotidien des différentes brigades : répression du grand banditisme, stupéfiants, crimes... 18.3. (du numéro de l'arrêté qui définit les compétences de la PJ) relate au jour le jour le quotidien de ces équipes, à la fois banal et rendu passionnant par la restitution qu'en fait l'auteur.
En ces temps où les médias parlent beaucoup des policiers, en bien comme en mal, j'ai trouvé intéressant de découvrir aussi l'envers du décors et le quotidien de ces flics en charge des affaires souvent les plus sordides. Les première pages ont été un peu laborieuses : l'auteur nous plonge directement dans le bain et décrit au jour le jour les affaires en cours et les différents personnages qu'elle a été amenée à côtoyer (policiers comme témoins ou gardés à vue). Aucun jugement, aucune explication, on partage la vie des équipes et leur travail quotidien fait à la fois de routine et d'inattendu. Certaines scènes sont un peu dures, que ce soit la description d'une scène de crime ou celle d'une autopsie et la multiplicité des affaires et des personnages m'a un peu perdue.
Mais une fois entrée dans le livre, j'ai trouvé ce récit passionnant et ne l'ai plus lâché jusqu'à la fin, regrettant même de devoir abandonner ces équipes auxquelles je me suis vite attachée et ces affaires non élucidées. L'auteur excelle à nous faire ressentir le quotidien des policiers : la surcharge de travail, l'épuisement qui s'installe quand on doit rester en planque toute une nuit ou suivre des écoutes pendant des heures, le manque de moyens généralisé (ah, ce logiciel qui n'en finit pas de planter, obligeant les policier à refaire plusieurs fois toutes les procédures, ou cette course quotidienne pour trouver une voiture à peu près en état de marche...). On est très loin de ce qu'on imagine à force de voir trop de séries ou de films policier : ici ce qui domine c'est la répétition, la patience, les interrogatoires multiples pour espérer trouver une faille ou une piste et puis surtout toutes ces procédures à respecter, ces affaires qui peuvent du jour au lendemain être abandonnées, soit qu'un magistrat ait refusé d'aller plus loin, soit qu'une procédure n'ait pas été respectée et rende l'enquête irrecevable. Par ses descriptions neutres et factuelles, l'auteur nous fait aussi ressentir tout le sordide de certaines affaires : cet homme assassiné en pleine nuit à la sortie du métro et pour lequel aucune piste et aucun coupable ne sera trouvé et parmi tous ces crimes non élucidés, certains particulièrement glauques qui hanteront à jamais les policier qui se sont chargés de l'enquête. Les policiers prennent des risques chaque jour, pour des interpellations qui pourraient vite mal tourner ou des perquisitions dans des quartiers sensibles et on se dit que la bavure ou l'accident peuvent vite arriver.
J'ai trouvé ce récit passionnant et particulièrement nécessaire pour mieux comprendre le quotidien de ces hommes et ces femmes qui essaient de maintenir un semblant d'ordre fasse à des réseaux criminels qui semblent souvent se multiplier à l'infini et se renouveler au fil des arrestations. Loin des thrillers qui abusent souvent des coïncidences peu vraisemblables ou de la surenchère dans le glauque, l'auteur nous embarque par son style simple et épuré et en même temps si vivant et proche des gens qu'elle côtoie. Un gros coupe de coeur pour moi et un livre à ne pas rater !
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