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Critique de michfred


Où est passée la verve de l'auteur du Club des incorrigibles optimistes ? où sa fantaisie créatrice , lui pour qui l'histoire avait jusqu'ici servi de métier à tisser ses propres histoires avec talent, humour, tendresse ?

Malgré la notice finale, appelant les experts en renfort, on a du mal à croire à cette version romanesque et mélodramatique des derniers jours de Vincent van Gogh à Auvers-sur-Oise.

Si le Docteur Gachet voit son image de mécène et de médecin généreux bien écornée, que dire de celle de Vincent - dans son art, un peintre forcené et acharné, on le savait par ses lettres à Théo, (mais on y apprenait aussi ses aspirations, ses déchirements, ses angoisses) , en société, un rustre sans manières, soit, c'était peut-être le cas, et en amour , un amant maladroit et dépourvu d'empathie ?

Car Vincent aurait eu une aventure avec la jeune fille du Docteur Gachet, Marguerite, 19 ans, amoureuse assez émancipée pour se donner nuitamment, elle, la fille du médecin d'Auvers , à son artiste d'amant, dans l'auberge de son propre village, la désormais célèbre auberge Ravoux, mais assez conventionnelle pour se comporter comme une héroïne des soeurs Brontë, à l'âge de l'émancipation des femmes, de la Tour Eiffel et des premiers baccalauréats féminins…

Non, vraiment, tout cela manque de cohérence et de matière : les personnages sont peu consistants, les dialogues plats, même le regard sur la peinture et les célèbres tableaux de Vincent ne décoiffe pas les toits de chaume, ne fait pas vibrionner les tournesols..

Décevant sur toute la ligne. Même si cette petite intrigue sentimentale plutôt mal ficelée arrive à jeter quelques ombres sur la version officielle de la mort du peintre et sur l'authenticité d' une partie de sa production..

L'humour, la verve, la fantaisie de Guénassia se sont attaqués à trop forte partie :Van Gogh est un monument historique à lui tout seul. Et il ne s'est pas contenté de peindre, il a aussi beaucoup écrit : on le connaît comme un frère…Alors le voir dans ce piètre équipage…

Il aurait fallu plus d'insolence, y compris stylistique, pour le déboulonner carrément, façon Jean Teulé, et lui donner un peu de gîte… ou alors traiter l'affaire comme un polar artistique et passionnel…

Avoir donné la parole à cette Marguerite Gachet pas aussi émancipée qu'elle le dit, et même plutôt nunuche quand les circonstances deviennent tendues était une erreur de casting.

Et l'idée d'intercaler entre les lignes de l'intrigue sentimentale des extraits de presse ou de lettres véritables ne crédibilise en rien le récit, et rend la lecture fastidieuse par son systématisme appuyé.

Déçue, déçue, déçue…

J'ai envie de revoir le magnifique van Gogh de Pialat pour oublier cette médiocre bluette.
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