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Critique de MartinServal


Ce qui frappe de prime abord, c'est que ce livre date de 1927 et dresse pourtant le tableau d'un monde qui ressemble à s'y méprendre à celui que nous connaissons en cette année 2021. René Guénon a su analyser de manière si visionnaire les mécanismes de son époque que l'autopsie qu'il fait en est terriblement actuelle : il n'avait pas un mais dix coups d'avance.

L'analyse de René Guénon est éblouissante d'intelligence, très précise et profondément originale, puisqu'il ose opposer au matérialisme et au rationalisme du monde occidentale une philosophie surnaturelle où la pensée suprarationnelle règne au dessus de toutes les autres.

Ce qui est promu par la pensée dominante comme étant le progrès, à savoir l'abandon de la pensée suprarationnelle au profit de la limitation aux sciences rationnelles, et l'abandon de la pensée par groupes ou par classes au profit de l'individualisme et du libéralisme (initialement dénommé humanisme) est dénoncé par Guénon comme une régression totale. L'on prétend se délivrer alors qu'on s'enchaîne, et nos nouvelles chaînes se nomme l'ignorance, l'anti-traditionalisme, le matérialisme.

Il démonte ainsi méthodiquement chacun des dogmes sociaux hérités de l'humanisme de la Renaissance (le matérialisme, l'humanisme, le cartésianisme, le relativisme, le scientisme, le sentimentalisme, la démocratie etc.) et illustre sa théorie en dénichant chaque immixtion du matérialisme dans la société : dans la science avec la limitation à la pensée rationnelle et soumise à l'industrie, dans le travail avec la Division du Travail, dans l'histoire avec le matérialisme historique, dans la société avec le nouvel ordre social uniquement fondé sur la richesse personnelle, etc.

Ce faisant, il s'attaque sans ambages aux modernistes mais aussi aux faux traditionalistes qui croient défendre une tradition et s'opposer aux envahisseurs orientaux alors que le seul envahissement qui existe est celui du monde oriental par le monde occidental, qui contamine la planète entière avec son matérialisme, son soft power, sa destruction brutale de toute ancestralité. Qui pourrait dire que ce diagnostic n'avait pas un siècle d'avance ?
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