Alors que les acteurs politiques et les journalistes s'emploient régulièrement à réaffirmer cette construction idéologique, les historiens et les sociologues dénoncent pourtant depuis longtemps l'illusion d'un sport citoyen et pacificateur par nature en insistant sur le fait qu'il ne porte que les valeurs qu'on lui attribue. Le sport peut notamment produire de la discrimination sexuée.
Le sport développerait la solidarité et l'altruisme par les échanges qu'il suscite entre partenaires au cours des entraînements et des matchs. Pensé comme une microsociété idéalisée dans laquelle l'individu se confronte à un système de communication, de règles et de sanction, il favoriserait également l'apprentissage du fair-play et du respect d'autrui. de même, il renforcerait l'estime de soi du pratiquant par les progrès techniques réalisés, en cas de victoires sportives ou par la reconnaissance que le groupe lui octroie. Enfin, il permettrait de réguler et de canaliser l'agressivité par le défoulement qu'il autorise. Selon le principe du transfert, les apprentissages générés par l'engagement sportif auraient des effets dans d'autres sphères du social.
Dans toutes les séances d'entraînement observées, et ce dès le plus jeune âge, les intervenants invitent les garçons à ne pas s'abaisser à se conduire comme des filles, ces dernières servant de groupe de référence négatif. Lors d'un entraînement des poussinets, Amina interpelle un garçon en ces termes : "Plus vite mauviette !" Elle leur signifie également que l'expression de la douleur est une faiblesse réservée aux filles :"Pleure pas, t'es pas une fille !" Les joueurs apprennent les rôles qui leur sont dévolus en fonction de leur sexe : infériorité physique et émotivité pour les unes, performance et résistance pour les autres.