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Critique de tilly


*** novembre 2021 : heureuse réédition d'un roman-culte, marquant et mystérieux ; merci aux éditions le Chemin de Fer ***

C'est un monologue intérieur, ininterrompu, qui dure environ quarante huit heures (et 204 pages) : celui d'une femme simple qui en a assez et qui part. On entend d'abord sa jubilation et sa fierté de planter là sa patronne, la concierge de l'immeuble, les commerçants de sa rue qui ne comprennent pas ce qui lui prend tout à coup. Puis, ses étonnements comiques (un self, le métro, un hôtel minable), ses bonheurs touchants (un banc, une rose, une pomme). Plus tard, sa rage et sa révolte, quand des personnes qu'on dit bien intentionnées tentent de mettre un terme à son envol, en la réinsérant malgré elle.

Catherine Guérard joue avec une ponctuation réduite au strict minimum (la virgule) pour rendre à l'écrit le flot des pensées de son héroïne. La virgule pour la respiration. Après tout quand on se parle à soi-même on ne met pas les points au bout des phrases, ni deux points, ni point virgule. Après une courte adaptation (relire les trois premières pages, par exemple) on pige vite le truc, le rythme.

Quel dommage que ce beau texte trop peu connu n'ait pas été adapté pour le théâtre. En le lisant, je pensais à (j'entendais) Yolande Moreau ou Corinne Masiero.

Voici ce que François Nourissier écrivait en 1967 à propos de Renata (extrait du Cycliste du lundi, page 215) :

Catherine Guérard apparut, il y a une bonne dizaine d'années, en publiant à peu d'exemplaires un court récit intitulé Ces princes. C'était l'histoire des amours d'un général et d'un polytechnicien, si ma mémoire est fidèle. le sujet, le ton, certain étonnement : on remarqua tout de suite Catherine Guérard. Après quoi les années passèrent, au long desquelles parfois, rarement, on put lire ici et là une nouvelle de cet auteur déconcertant. Puis vint l'automne 1967 et l'on découvrit un vrai roman de Catherine Guérard, composé il est vrai d'une seule phrase, mais une phrase longue de cent quatre-vingt-quinze pages. Cette phrase frôla le Goncourt, aventure qui prouve que nous pouvons tout attendre de cette romancière.
[...]

Catherine Guérard a écrit un roman qui défie l'imitation et décourage la comparaison : elle nous est réapparue comme sur un îlot, surprenante, souriante et secrète ; je ne sais pas ce qu'elle écrira ensuite, ni quand, ni même si elle n'attendra pas encore une dizaine d'années avant de se remettre au travail ; il n'en est pas moins sûr que nous avons affaire avec Catherine Guérard à un personnage exceptionnel ; Renata n'importe quoi suffirait à nous empêcher d'oublier son auteur. ”
Lien : https://tillybayardrichard.t..
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