Ce jour-là
Parce que soudain on ne veut plus.
Parce que soudain on ne peut plus.
Parce que soudain on est déchiré.
Parce que soudain on est écrasé
Parce que tout ce en quoi on a cru relève vers soi un
visage d'artifices au sourire de hyène.
Parce qu'on étouffe comme un lézard qui prendrait
feu sur pierre.
Parce qu'on a lancé des bouteilles à la mer et
attaché des messages aux ballons.
Parce qu'il ne suffit pas de respirer la rose ancienne
et le délicat chèvrefeuille.
Parce qu'il ne suffit pas d'avoir un âge avancé pour se sentir
vivre.
Parce qu'il faudrait pouvoir se débarrasser du fil
poisseux de la pantomime quotidienne.
Parce qu'il faudrait pouvoir cacher ses yeux dans le
cou maculé d'un grand goéland à bec jaune.
Parce qu'il faudrait grimper très haut sur la montagne
encore verte sans faire taire les grillons.
Et de là souffler sur les nuages et lancer
des cailloux dans les écailles mouvantes de l'océan.
.
Parce que, parce que, parce que.
Parce qu'on ne le fera pas.
Même s'il n'est probablement pas trop tard.
Pour toutes ces déraisons, il y a bien un sens,
Mais il est inacceptable...
ce jour là.
Cette vie-là, avec ses tornades imprévisibles, elle t'a plus d'une fois écorché et tu ne ressentais plus rien.
Pendant longtemps tu as pensé que plus rien ne pourrait être et il n'y avait plus rien,
Si ce n'est la souffrance de gâcher une vie que tu aurais voulu tienne, ta part de vie dans la lumière.
Mais là, miraculeusement, tu marches sur ce chemin et tu sens s'ébrouer la vie - celle qui seule - peut-être,
A un sens propre, une sensation vraie, une vie multiple qui te chauffe le cœur,
Et en même temps, il y a quelque chose de triste et de très profond,
Alors doucement, dans le creux de ta main, tu fais un vœu.
Je pense au passé
Je passe en pensées
Présent d'évanescences
Contre un passé
De fulgurances
Dans l'espace désossé
De la réminiscence.
L'étranger
Chant d'amour et d'exil
Comme le corps disloqué d'un grand oiseau blanc
Dérivent lentement les nuages,
S'écartent et s'entrecroisent en silence,
Éventent, nonchalants, leurs caresses meurtries.
Etranger, tu lèves la tête et tu souris.