Merci à Babbelio et aux éditions Illador qui dans le cadre de l'opération « masse critique » m'ont envoyé «
Comme un feu sous la mer » d'Anne Gueber.
Illador Illador, modérez votre enthousiasme jeune homme (Angoratruc, tu reprendras bien un carembar… private joke comme on dit…).
Avec un titre comme ça, il faut être prudent. On peut s'attendre à du volcanique, du passionnel, être pris dans un tsunami émotionnel. Ce mariage entre le feu et l'eau peut faire malheureusement dans bien des cas un simple petit pschittttt bien foireux.
Ai-je été prudent? Non, une fois de plus. En même temps la poésie est malheureusement tellement confidentielle qu'il est déjà beau d'en trouver dans les choix de « masse critique ».
Comme souvent en poésie, le livre est un bel objet. Une couverture qui tout en restant sobre invite au voyage promis avec une flamme ou des volutes de fumée aux couleurs chaudes hypnotiques.
Un papier de qualité, épais à qui il ne manque plus que l'odeur des vieux livres. Un format de carnet, de journal intime, enfin jusque là, tout va bien.
— Bon t'es gentil avec l'enfumage du papier cadeau mais le cadeau à l'intérieur il est comment? Si tu meubles comme ça c'est que t'as pas grand-chose à dire du contenu!!!
— Euh…
C'est pas que je n'ai rien à dire mais je reste un peu sur ma faim. Ce recueil ne m'a pas enrhumé, ni chaud ni froid. Il me laisse tiède, moyen, inégal. de jolis moments mais avec un style ou plutôt un agencement des mots qui ne me parle pas. Contrairement à certains recueils dans lesquels je ne comprends ni la langue ni l'univers, là j'adhère au fond mais sans être touché par les formes.
Humour, comptines pour enfant, la vie, ses espoirs, ses regrets, la matière est là, il ne m'aura manqué qu'une sensibilité commune à
Anne Guerber pour que les volcans sous marins s'éveillent.
Ca c'était pour la première partie.
Ah, je ne vous ai pas dit que ce recueil était composé de deux parties?
Bon, je vais pas reparler du papier ni de la couleur de l'encre des numéros de page pour gagner du temps car là… j'ai eu mon effet Tefal, je n'ai adhéré à rien.
La fin de l'Homme et la renaissance du monde avec une forme faite pour faire du volume, du chiffre quant au nombre de page, une forme que je ne comprendrai jamais. J'aime quand c'est aéré et justifié mais là, c'est plus de l'aération, on est sur un vol intérieur qui connait de sérieux trous d'air (j'exagère un peu mais bon pas tant que ça). J'aimerai qu'un jour quelqu'un m'explique ce que ce genre de mise en forme apporte au texte.
Quant au fond, oui oui mais non. Désolé mais je suis hermétique donc pas forcément bien placé pour donner un avis objectif mais par exemple, ça je peux pas :
« L'eau lourde, dormante, et la pénombre
Se confondent encore, hésitent
Chacune entre la terre et l'air,
Interpénètrent leurs limites.
Ainsi, depuis la nuit des temps, chaque aube vient rejouer
Sur les cordes de la lumière
La lutte originelle ou la substance de vie
S'arcbouta contre les ténèbres. »
L'espace entre les deux ça doit être le temps de l'hésitation, je sais pas. Et puis si je mets le fond de coté, le coté poétique de « interpénètrent leurs limites, lutte originelle, substance et s'arcbouta) m'échappe grave. Bref, un univers et un langage qui me sont étrangers, font que cette deuxième partie me laisse un petit gout de moyen moins.
Une dernière citation pour rester sur une impression positive :
« A l'heure de la sortie des bureaux,
Incongru sur le bitume asséché,
Un vers de terre assez considérable
Traverse avec autant d'empressement qu'il est possible
Le large trottoir en direction de la chaussée.
C'est aussi cela le courage».
Encore une fois merci à Babelio de proposer de la poésie et aux différents éditeurs (dont les éditions Illador) d'en éditer car même si tout ne peut pas plaire à tout le monde, il faut un sacré courage aussi pour continuer sa route dans l'indifférence la plus totale du monde littéraire.