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Critique de Woland


Etoiles Notabénistes : **

Domingo de Revolución
Traduction : Marianne Millon

ISBN : 9782283030660

Merci à Babélio et aux Editions Buchet-Chastel qui, dans le cadre d'une opération "Masse Critique", m'ont expédié à titre gracieux un exemplaire du nouveau roman de Wendy Guerra. ;o)

Le livre terminé, on en tire cette conclusion navrante : "Tout est triste à Cuba" et l'on en vient presque à regretter la république bananière qui y précéda la "révolution" de Fidel Castro. Il faut dire que l'héroïne, Cleo (diminutif de Cleopatra), en principe porte-parole de l'auteur, est fortement dépressive et qu'elle ne croit plus que la révolution, quelle qu'elle soit, soit possible à Cuba. Morte et enterrée, la Révolution contre l'oligarchie, castriste ou autre. le gouvernement est trop bien noyauté et, ce qui est pire, les Cubains ont trop bien appris à marcher ... au pas de l'oie, à se trahir l'un l'autre, à espionner, à fabriquer de fausses preuves, à ...

Mais, comme ceux qui y sont restés alors qu'ils avaient les moyens de partir (ou comme ceux qui ont quitté l'île sans grand chose avec eux), Cleo a Cuba dans le sang. Poétesse, elle se veut tantôt île, tantôt île de Cuba. Ses parents sont morts dans un accident d'auto sans doute voulu par les autorités. Après ça, elle est demeurée recluse chez elle, ne se souciant plus de rien, pendant près d'une année entière. Sans compter que ses livres, qui ont du succès à l'étranger, sont interdits de parution à Cuba.

Par nature (et parce que je connais bien la dépression), j'ai une horreur quasi physique des déprimés qui goûtent un plaisir malsain à ressasser leurs malheurs. Or, Cleo, que l'auteur l'ait voulu ou non, m'a semblé appartenir à cette déplorable catégorie. Oh ! Je ne nie pas l'existence de ces malheurs mais pourquoi, toujours, se plaindre ? Certes, on peut craquer à certains moments - il le faut d'ailleurs - mais enfin, sortir des Kleenex à tout bout de champ en insistant bien sur le fait qu'on les utilise, ce n'a jamais été mon genre. Se cacher pour pleurer et ressortir ensuite, tout (e) pimpant (e) d'humour noir, ça, par contre, ça me plaît. C'est vous dire que la pauvre Cleo était plutôt mal partie avec moi ... Je ne lui trouvais aucun ressort (je ne lui en trouve toujours aucun, je me permets de le préciser ;o) ) et je me demandais simplement si, comme elle n'était capable de gaieté qu'après avoir fumé de l'herbe, elle ne ferait pas mieux de se suicider ou alors, je ne sais pas moi, de filer au Mexique ou ailleurs pour se faire religieuse ! Un truc utile, vous voyez.

J'en étais là de mes cogitations quand se pointe un certain Géronimo, star hollywoodienne et internationale, désireux de réaliser son premier film sur le père de Cleo. Attention ! Pas le père parti en fumée dans l'explosion de la voiture mais le vrai père, un certain Mauricio, qui aurait été un espion de Castro, voire un agent double ou triple.

Ah ! ça se corsait ! Super !

Bien entendu, Cleo n'a jamais entendu parler de tout cela. Elle ne sait pas non plus qu'elle est née en réalité aux USA. Sa défunte mère qui, comme son deuxième "père", était une scientifique qui travaillait sur des expériences biologiques dans l'intérêt de la Cuba communiste, l'a soigneusement gardée dans l'ignorance. Sur ordre ? Par peur ? Ma foi, ça, l'auteur ne nous en pipe pas mot . Toutes les pistes sont ouvertes, d'autant plus largement que, dans une dictature, le flou est de rigueur, les archives disparaissent ou sont retouchées, les preuves finissent aux oubliettes et les juges exercent la volonté du dictateur suprême.

Dans une dictature, pointe émergée de cet iceberg qu'est la Politique mondiale, tout le monde manipule et tout le monde est manipulé, mes petits amis. (Et là, je suis tout à fait d'accord avec l'auteur.)

Si l'amour porté par Wendy Guerra à son pays natal m'a touchée, j'ai le regret de dire que, pour le reste, je n'ai vu dans ce livre - mais ce n'est que mon avis - que clichés et intrigue très mal ficelée. Quant à tous ces ressassements dépressifs ... Par le Ciel et le Diable confondus, ce n'est pas comme ça qu'on s'en sort, dans la vie ! Et c'est avec un soulagement indéniable que, à la toute fin du livre, j'ai vu les autorités cubaines interdire à Cleo, retour de Cannes, de reposer le pied sur un sol dont je ne sais toujours pas, manipulation oblige, s'il s'agit de son sol natal ou pas.

Ca et là, insertions de poèmes, pas tous d'ailleurs de Cleo. Et le livre est dédié à Gabriel Garcia-Marquez, visiblement un saint pour tant de Latino-américains et de Cubains en particulier, lesquels ne semblent ne s'être jamais étonnés que ce défenseur des Droits de l'Homme se soit complu à fréquenter Fidel et ses séides.

Moi, vous m'excuserez, ça me choque et ça me choquera toujours.

Mais enfin, lisez vous-mêmes, faites-vous votre opinion. Vous m'en voyez désolée mais je ne donnerai aucun extrait, fait assez rare chez moi pour que je le souligne. Vous comprenez, j'ai envie d'aller ressasser mes propres malheurs dans mon coin ... Curieux, non ? ... ;o)
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