AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Silenceonlit


Après avoir lu La Disparition de Josef Mengele d'Olivier Guez, j'ai découvert - par hasard - son Eloge de l'esquive, paru en 2014 chez Grasset, à l'occasion de la Coupe du monde au Brésil.
---
Les premières pages s'ouvrent sur l'enterrement d'un héros national : Garrincha, le petit prince brésilien du dribble, tombé dans la déchéance. Poésie des mots et tendresse de l'auteur pour le personnage sont sensibles à la lecture. Ces chapitres initiaux mènent à une réflexion historique sur le football au Brésil : « le jeu, le jeu, toute une histoire et une culture, au révélateur d'un instant magique, quelques gestes, une esthétique, le dribble brésilien ». Car c'est sur toute cette notion de dribble que le Brésil va être raconté. Olivier Guez rappelle que le football est né au Brésil, le pays où il est roi, par l'entremise d'un Anglais, et qu'au départ c'était un sport réservé à l'élite, « le Pim's du sport ». Les premiers noirs à y jouer ont inventé le dribble pour ne pas avoir à toucher leurs blancs adversaires et se faire attaquer pour cause du racisme ambiant.
---
Il m'a semblé au départ que cet essai se résumerait à parler du fameux sport au Brésil. J'aime le foot, donc cela ne m'aurait pas particulièrement dérangé. Mais non, que les non fan de foot se rassurent, son propos n'est pas de parler que de ce sport. L'auteur a réalisé un soigneux travail documentaire, est allé à la rencontre de spécialistes, pour raconter le Brésil à travers cette notion d'esquive. Car c'est en effet tout ce qui définit ce pays, son histoire, sa société. Si les joueurs mythiques, tels que Pelé ou Socrates, ainsi que les grandes lignes de l'histoire de l'équipe du Brésil en Coupe, la révolution culturelle entamée en 1922, le rapport ambigu du Brésil à ses racines, « son identité hybride », la période de l'esclavage, la lourde bureaucratie, les inégalités profondément enracinées, le personnage du « malandro », coquin débrouillard mais paresseux, la bossa nova, la moiteur de l'atmosphère... Vous l'aurez compris : Eloge de l'esquive parle bien évidemment mais va au-delà et offre à voir le Brésil, son histoire mais sa face contemporaine aussi. Car finalement le Brésil tourne d'une certaine manière en rond : toujours prêt à émerger, le beau dynamisme retombe comme un soufflé. Heureusement, restent les Brésiliens, ces beaux joueurs, même si l'auteur regrette un assagissement dans leur jeu, calqué sur les exigences européennes, qui semble avoir ôté toute hardiesse au fameux « jogo bonito ».
Lien : https://www.instagram.com/p/..
Commenter  J’apprécie          50



Ont apprécié cette critique (5)voir plus




{* *}