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Critique de Stockard


La Mort Propagande ou comment entrer comme un cyclone dévastateur dans le monde très intime des écrivains célébrés dès leur première publication. Hervé Guibert a 21 ans, quelques appuis (Régine Desforges, je la cite par honnêteté intellectuelle mais franchement, je l'aurais bien passée sous silence) et le voilà dans la cour des grands avec ce livre dont le propos liminaire annonce la carrière fulgurante de son auteur en nous jetant en exorde son suicide en pâture... La vie quand même c'est particulier parfois, ce qui n'était au départ qu'un joli et provocateur majeur dressé à la face de la bien-pensance finira par s'avérer quinze ans plus tard (boomerang karmique ? Faut faire gaffe à tout ce qu'on dit ou quoi ?!) Illustration involontaire mais manifeste de la fiction rejoignant la réalité.

Hervé Guibert se disait fasciné par l'art anatomique, La Mort Propagande en apporte la preuve. Douze chapitres forcenés se disputent la cruauté, la luxure, l'amour et la torture avec bien peu de détails épargnés (aucun en fait) pour, entre caresses amoureuses et chairs suppliciées, nous dévoiler un précis d'anatomie qui, sous la plume nerveuse et licencieuse de Guibert, nous rend le corps agonisant plus vivant que jamais grâce au tour de force qu'il accomplit en réussissant malgré la répugnance initiale du propos à rendre le sordide élégant et même carrément désirable. A finir par ne plus savoir où est le plaisir et où est la souffrance tant les deux s'entremêlent. Pas du masochisme, pas même du bondage mais quelque chose loin, au delà...

Traumatisant, dérangeant, indécent, les termes ne manquent pas pour qualifier ce brûlot d'autant qu'il a été écrit par un Guibert au visage d'ange, un vrai chérubin, la maladie ne l'ayant pas encore effleurée de son aile funeste. Il est beau, il le sait et il jubile de choquer la morale qui à la sortie de ce livre en 1989 criera au scandale et fera par là même le plus beau cadeau que Guibert pouvait espérer.
Mais laissons-les de côté ces bonnes moeurs imbéciles, quand Guibert nous convie à assister à la jouissance du corps dans la mort (ou l'inverse ?) forniquant avec une sensualité extatique sur une table de dissection, je ne vois aucune bonne raison de refuser l'invitation.
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