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Critique de brigittelascombe


La forclusion du nom du père, chère à Lacan, qui maintient le psychotique dans une relation duelle à l'agressivité destructrice, est souvent sans appel.
Le nom de son père, c'est Mokhtar, un Mokhtar exilé et plein de haine qui se sert de ses poings pour tenter d'exister. Ce Mokhtar là, Vincent, l'écorché vif, veut l'effacer définitivement des murs, de sa mémoire, souillés par les graffitis insultants du passé. Il veut se retrouver seul face à lui même dans un combat à mains nues sur les parois d'escalade.
Mais en changeant d'identité, ne risque-t-il pas de se perdre plus encore? de se noyer dans la violence ambiante des villes? D'y sacrifier l'amour d'Anna?
Anna, "qui le baise, le domine";
Anna et "le sexe qui les réunit".
Anna. Anna. Anna."S'ils s'aiment, ils ne le disent pas".
Anna qui "se sent inutile".
Anna, la créative au passé trouble.
Vincent qui doit apprivoiser la peur mais se laisse envahir par son ombre grandissante, Vincent qui part à l'assaut de ses doutes.Vincent le rien.
Qui doit "assurer la cordée pour ramener l'autre à bon port"?
Voyage, voyages, à travers mots,à travers maux, au bout de soi, au bout de l'autre.
Y parviendront-ils, alors que "le monde n'est pas fait pour eux".
Un livre d'amour, de solitude, d'espoir désespéré,de violence exacerbé. Des mots qui tournent en vrille pour que la vie ne cède pas.Une histoire, que je qualifierai d'ogre, une tranche de vie ou de mort, au choix, dure très bien rendue par Stéphane Guibourgé (auteur de plusieurs romans, recueils de nouvelles et livres photos) grace à l'alternance de style et d'écriture dans les chapitres Vincent (écrits au il), Mokhtar (écrits au je) et quelques petites incursions d'Anna entre quotidien et épistolaire, une réflexion psychologique sur les démons de l'enfance qui hantent l'inconscient, un questionnement sur l'agressivité interne et externe.
Bref, le nom de son père est bouleversant comme une plaie à vif qui suinte en vain ou croit cicatriser mais se leurre!
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