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Critique de AMR_La_Pirate



Je tiens tout d'abord à remercier David Guidat qui me confie son roman, le Meurtre était écrit, pour lecture et avis. Sa confiance me touche.

J'avoue avoir d'abord eu un peu de mal à entrer dans ce roman policier newyorkais. Au premier abord, j'ai trouvé les personnages un peu trop stéréotypés : un flic fragilisé par une blessure qui néglige son épouse, une adjointe du procureur au nom hispanique, des politiciens corrompus et pervertis, des trafics de drogue et du blanchiment d'argent sale, un tueur en série justicier, du sexe torride dans l'urgence, des parties fines qui tournent mal… Je me croyais plongée dans une série télévisée US…
Et puis, j'ai dépassé ce premier constat pour me laisser prendre par l'intrigue, plutôt bien construite, à partir du meurtre du futur Président des Etats-Unis, en réalité un pervers sexuel et un manipulateur notoire…


David Guidat fait preuve d'une certaine maîtrise dans l'articulation de sa trame entre les nombreux personnages, dans ses descriptions des rapports entre les différents services de police et de sécurité, du fonctionnement des sociétés écran, de la gestion des scènes violentes ou à connotation sexuelle, de l'attitude des médias, de l'appropriation d'un certain contexte politico-financier. Je suppose un certain travail de recherche à la base que je salue ; il est important que son univers fictionnel soit vraisemblable et crédible.
D'une manière générale, cela sonne assez juste ; la montée du suspense tient le lecteur en haleine et c'est ce que l'on attend d'un thriller. J'apprécie beaucoup la touche actuelle, très contemporaine, moderne, sur les réseaux sociaux, les #, etc.
L'auteur emmêle et démêle les fils et les indices avec brio faisant converger des affaires sans liens apparents entre elles au début du roman et fait gagner en densité le personnage du policier, Alexandre Grayson. Les personnages secondaires sont également bien travaillés.
Le Meurtre était écrit est un roman très noir, porté par des scènes de violence insoutenables. Quand le lecteur pense avoir atteint un summum d'horreur, le pire est encore à venir. Ce livre est à déconseiller aux âmes sensibles !
La phrase titre prend peu à peu tout son sens : « un tueur en série commet plusieurs meurtres mais, pour se donner une certaine notoriété, pour être reconnu et pour créer un sentiment de danger, de peur dans l'opinion publique, il lui faut imaginer le premier meurtre, créer autour de ce crime une atmosphère délétère qui ne laissera pas le doute planer une seule seconde sur le fait que cet assassin recommencera à tuer. Il écrit son script, son synopsis. Il en peaufine les détails, les tenants et les aboutissants. Quand il tient enfin son scénario, il est fier et ne souhaite qu'une chose : mettre en oeuvre ses écrits, passer à l'acte pour la validation de sa trame ». C'est à dessein que je reprends ici les propres mots de l'auteur, dans la thèse proposée par l'avocate du principal suspect.
La fin est imprévisible, « bluffante » dans ses développements et ramifications possibles ; je ne peux que recommander la lecture de ce roman, bien construit, à l'échafaudage complexe et plein de surprises dans les rebondissements.

J'aurais juste un bémol à relever concernant des coquilles, des répétitions et des maladresses dans certains passages de la narration. L'auteur affectionne particulièrement l'adjectif qualificatif « prostré » par exemple, dont j'ai relevé plus d'une dizaine d'occurrences, pas toujours judicieuses selon moi pour dire la stupeur, l'abattement ou l'état de fatigue des personnages ainsi caractérisés. Par moment, les dialogues manquent de naturel, surtout entre deux époux, entre une mère et son fils ; cependant, on trouve plus de virtuosité dans les échanges liés à l'action policière ou lors des interrogatoires.

En conclusion, j'ai pris un certain plaisir à me faire emmener dans cette lecture, même si certaines scènes m'ont un peu trop bousculée. J'ai surtout apprécié l'atmosphère de faux-semblants, de société corrompue, de pessimisme général qui fait de le Meurtre était écrit, un bon roman noir qui illustre les conséquences exponentielles des dérives politico-mafieuses et donne à lire en filigrane une analyse critique argumentée de la société américaine contemporaine.
David Guidat est un auteur à suivre…
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