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Critique de Nadael


Blaise et sa femme s'aiment depuis vingt ans. Sans enfant, ces éternels adolescents ne se sont presque jamais séparés l'un de l'autre. Elle est écrivain, il est artiste. Ils vivent en plein Paris dans une maison qu'elle appelle joliment « la cabane », l'endroit qui abrite leur amour, qui leur ressemble et auquel ils sont très attachés. le bonheur est là, leur vie est douce. Pourtant, cette dernière va être brutalement bousculée.
Alors qu'il vient de fêter son cinquantième anniversaire, Blaise est terrassé par une infection rare nommée « cellulite cervicale ». Il est immédiatement hospitalisé à Lariboisière. S'ensuit une opération. le lendemain, sa femme – la narratrice – se trouve face à une chambre vide. Il n'est ni au bloc ni en salle de réveil. Blaise est en réanimation : il subira un traitement quotidien durant trois semaines afin de nettoyer entièrement la zone infectée. L'homme est de ce fait plongé dans un coma artificiel.
Blaise est là devant elle, allongé sur le dos, entouré de machines. Son corps à moitié couvert par un drap, une multitude de tuyaux s'en échappant... Comment gérer la maladie de l'autre, son absence, le vide qui se crée, l'angoisse de perdre l'homme tant aimé ? Continuer à vivre sans l'autre un temps. Et durant cette parenthèse -- ce sommeil programmé --, naviguer entre douleur, espoir, réminescences, cauchemars.
En couchant ses pensées sur un carnet au jour le jour, la narratrice entre dans une sorte de bulle de spiritualité où elle convoque les arts, les mythes, les contes, la philosophie, la poésie. Elle est en pleine réanimation, réfléchissant sur certaines notions telles que le manque, le corps, la mort, la solitude, la liberté, la vie, l'amour. Et parle de son dernier essai sur Andy Warhol, trouvant d'étranges similitudes entre ce personnage mystérieux et ce qu'elle est en train de vivre. Les images se succèdent, une force et un imaginaire se créent, ôtant ainsi tout pathos au texte.
Même si elle écoute en boucle la voix de Blaise qui lui a laissé un message sur son téléphone, même si elle ne se résigne pas à laver les vêtements qu'il a portés, de peur d'oublier son odeur, elle éprouve une grande joie lorsqu'elle traverse Paris à vélo, elle savoure le silence de la « cabane », profite du printemps qui s'éveille... Avec intelligence, elle parvient à avoir suffisamment de recul sur cette situation difficile.
Si le sujet de ce récit est sombre, la façon dont il est construit ne l'est absolument pas. le texte est sensible, délicat, plein d'amour et de lumière. Une belle déclaration adressée à son époux.

Lien : http://lesmotsdelafin.wordpr..
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