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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Je consomme, donc je suis

Le premier roman de Valérian Guillaume tient en une phrase. Mais son originalité n'est pas seulement stylistique. Il nous entraîne dans un centre commercial où, à côté de tous les produits qui s'offrent à lui, il va tenter de trouver l'amour.

Une longue phrase pour une longue déambulation. le narrateur de ce roman au ton très original se promène dans les centres commerciaux, tue le temps en passant d'une boutique à l'autre : «Je me laisse voyager de produit en produit de boutique en boutique de vendeur en vendeur je n'achète que très rarement mais le plaisir de la découverte et de la connaissance est unique j'ai envie de tout savoir et pour ne pas manquer les opportunités je tente d'apprivoiser mon environnement un peu comme les chiens quand ils arrivent vers vous pour vous sentir et ça peut paraître idiot mais à chaque fois je sens que ça me fait du bien c'est comme des petits voyages mais faut y aller doucement car c'est bien connu les voyages ça creuse l'appétit». Des pérégrinations qui le mènent au Corner, le café où il croise Martine, la serveuse qu'il apprécie beaucoup et retrouve des connaissances. Reste l'une des attractions phare de ce temple de la consommation, la piscine. Un endroit qui devient en un instant magique, car il fait la connaissance de Leslie, la plus sympathique des caissières puisqu'elle va jusqu'à lui offrir un bonnet de bain afin qu'il puisse se baigner. de quoi tomber immédiatement amoureux!
Encore faut-il trouver un moyen d'engager la conversation, de se signaler. Trop tard, elle a déjà fini son service. Gontrand l'extirpe du coup de son rêve pour le ramener au Corner où s'échangent les potins, où se noient aussi les illusions. Quant aux intrépides et aux optimistes, ils y forgent leurs ambitions.
Oui, c'est décidé, il va prendre son courage à deux mains, offrir à Leslie les DVD de Feedjy school, sa série préférée et lui avouer son amour! Mais avant, il ne manquera pas la semaine mexicaine à Carrefour où il a bourré l'urne de ses bulletins de participation au concours pour tenter de gagner un voyage.
La déception de n'avoir pas remporté l'un des prix de cette belle animation commerciale sera estompée par le sourire de Leslie. Un sourire magique qui l'exalte, l'emporte, le transforme. Pourtant il ne peut rien contre les démons qui l'habitent, qui le font transpirer, qui le font pleurer, qui l'entrainent à se jeter sur la nourriture pour satisfaire leur énorme appétit.
En choisissant d'oublier toute ponctuation, Valérian Guillaume fait de ce premier roman un symbole de la boulimie consumériste, une logorrhée impossible à arrêter et qui va finir par tout engloutir, y compris cet amour pour lequel le narrateur aurait tout donné. On passe alors de la fantaisie au drame, des couleurs au noir. Un premier roman choc et un nouvel auteur à suivre!


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C'est un roman profondément dérangeant dont le narrateur est un homme simplet, inadapté, sans défense, probablement schizophrène, qui lutte contre un démon intérieur qui provoque en lui des crises de violence et de boulimie incontrôlables. Il est le souffre-douleur de gros "beaufs" alcooliques, graveleux, violents, lâches.
Ses joies, il les trouve en compagnie des cendres de sa mère récemment décédée à laquelle il parle, qu'il prend sur ses genoux, à laquelle il laisse la télé allumée pour qu'elle ne se sente pas seule mais aussi dans la zone commerciale près de chez lui. Là, il aime se faire palper par les vigiles, il est attiré par tous les objets, même les plus triviaux, qu'il transforme en beauté, rendant son monde plus supportable. Et puis il tombe amoureux.
J'ai ressenti un profond malaise devant la solitude de cet homme différent auquel la société et sa cruauté ne laissent pas beaucoup de chances; ce malaise a atteint son apogée avec la fin du roman assez insoutenable.
Ce roman est également très singulier et déroutant, en particulier par l'absence totale de ponctuation qui permet à la pensée et au texte de s'écouler sans aucune entrave selon la théorie du "flux de conscience"; le résultat est ardu à lire, le fil est parfois perdu, obligeant le lecteur à revenir en arrière pour structurer mentalement ce qui est lu. L'humour, malgré le sujet difficile, est très présent avec des passages absurdes ou burlesques qui font rire ou sourire.
Bref une expérience littéraire assez percutante et qui ne peut laisser indifférent.
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