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Critique de Mimimelie


Il y a des gens qui viennent (reviennent) à la foi par la grâce, par l'émotion, tel André Frossard, issu d'une famille communiste ( « Dieu existe, je l'ai rencontré ») ou Paul Claudel, foudroyé par la grâce en assistant aux Vêpres de Noël de Notre-Dame. Pour JC Guillebaud, aucune illumination de cette sorte, point de fulgurance. « Ma démarche n'était pas religieuse, au sens ordinaire ou cérémoniel du terme. Elle ne participait ni de l'effusion, ni de la nostalgie, ni même de la quête spirituelle, comme on dit maintenant. Elle était platement anthropologique. »

Après 20 ans de journalisme, durant lesquels, reporter de guerres, il se trouve immergé dans tous les points chauds de la planète, au coeur des révolutions, famines, désastres et de toutes les misères du monde… expérience dont il se dit profondément marqué. Mais, à la fin des années 70, début 80, il prend conscience, au travers de tous les évènements dont il est le témoin, que nous allons entrer dans une période de bouleversements gigantesques, bouleversements historiques, anthropologiques, économiques, géopolitiques, spirituels, …et face à ce grand basculement qu'il pressent, il a alors l'impression que beaucoup de choses vont se mettre en route à propos desquelles il n'a aucun éclairage, il ressent alors le besoin impérieux d'approfondir ce qui arrive, pour comprendre. C'est ainsi qu'il décide d'abandonner ce métier en prise avec l'événement pour se plonger dans l'étude de ce qui advient, d'abord pour déchiffrer le monde d'aujourd'hui, le réapprendre, le comprendre, puis le faire comprendre, il passe ainsi en quelque sorte, de reporter de terrain à reporter dans le monde des idées.
Il quitte donc le journal le Monde « où pourtant je me sentais chez moi », pour devenir directeur littéraire aux éditions du Seuil où il rencontre nombre d'intellectuels « importants », a la chance d'assister à de grandes conférences et colloques et multiplie des rencontres qui le nourrissent. Il écrit nombre d'ouvrages ayant pour toile de fond la crise des fondements de nos sociétés contemporaines.

C'est ainsi que, petit à petit au fur et à mesure de ses recherches et de ses écrits il chemine et prend conscience que le monde occidental est le produit direct de la Bible, du judaïsme et du christianisme. Dans son cheminement, il distingue trois cercles concentriques, au cours desquels « cette alchimie s'est faite en moi, comment ces choses ont infusé, presque à mon insu, et pourquoi j'en viens à me poser aujourd'hui, et de plus en plus frontalement, la question de la foi ».
Sans dévoiler le coeur de ses analyses et les développements de ces trois cercles, très schématiquement : le 1er concerne sa recherche des sources de la modernité, le 2ème concerne le message évangélique lui-même dont la puissance a profondément modelé l'histoire du monde, mais travesti au fil du temps, une question de sémantique en quelque sorte, dans le 3ème cercle, il développe que la foi serait aussi affaire de volonté, d'engagement. Et citant Paul-Louis Landsberg, « S'engager, c'est adhérer à une cause imparfaite. »

Pour finir reste une ultime question que se pose JC Guillebaud : «Cette « redécouverte » que j'avais essayé d'approfondir de livre en livre n'avait-elle pas été déclenchée par une certitude inconsciente mais « inaugurale » … Est-ce que je ne cherchais pas ce que, en fait, j'avais déjà trouvé ? »

Qu'importe ! « Il arrive que la loi voyage incognito» (Kierkegaard)
Quoi qu'il en soit : « Soyez toujours heureux » (Saint Paul)
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