On ne "perd" pas la foi comme on perd ses clés. Le mécanisme de la décroyance est plus obscur; il traduit une exténuation de la volonté, l'abandon plus ou moins conscient d'un engagement qu'on ne peut plus ou qu'on ne veut plus tenir. Ce n'est pas la foi qu'on perd, c'est la volonté de croire qui faiblit.
Une croyance nomade ou sans racine est vulnérable. Elle peut s'agenouiller devant le premier gourou venu ou rejoindre n'importe quelle foule exaltée.
En réalité, la croyance - comme la foi - n'est pas déduite mais voulue. Elle ne s'impose pas d'elle-même quand on a terminé l'inventaire des raisons de croire ou de ne pas croire.